Uranium : la filiale d’Orano au Niger en « grande difficulté financière »
La Somaïr, filiale d’Orano au Niger dont les exportations sont à l’arrêt, est en « grande difficulté financière » et contrainte de vendre des stocks d’uranium initialement destinés à financer la fermeture ultérieure du site, a-t-on appris, mardi 9 juillet, auprès du groupe français. « On en arrive à un point où Somaïr est en très grande difficulté financière, notamment du fait des difficultés pour pouvoir commercialiser l’uranium », a indiqué à l’AFP Orano, qui rappelle que sa filiale est dans l’impossibilité d’exporter depuis un an du fait de la situation politique locale.
« On est obligé de consacrer tous nos efforts au maintien de l’outil industriel et au paiement des salaires, et ça, on le fait en vendant de manière conservatoire des stocks (…) qu’on a économisés, et qui sont destinés initialement au financement du plan de réaménagement du site à l’issue de sa période d’exploitation », a précisé Orano.
La Somaïr, située dans la région d’Arlit (nord), est la seule mine d’uranium exploitée par Orano au Niger, après la fermeture de la Cominak en 2021. Elle a repris ses activités en février, après une interruption de plusieurs mois à la suite du coup d’Etat de juillet 2023.
Orano a fait « une nouvelle proposition alternative aux autorités du Niger pour trouver une solution d’exportation soit vers la France, soit vers la Namibie », mais les autorités nigériennes n’ont pas donné suite à ce stade. Orano reste cependant « à l’écoute » de Niamey.
« Mesures sociales »
Afin de maintenir l’activité du site, qui emploie directement environ 700 personnes, et à peu près autant de salariés chez ses sous-traitants, la Somaïr a donc commencé à ponctionner ces stocks provisionnés et stockés sur le sol français. Cette mesure palliative n’offre cependant qu’un sursis de quelques mois, prévient Orano : « Si la situation ne se débloquait pas rapidement pour la Somaïr, elle serait prochainement contrainte de prendre des mesures sociales. »
Faute de déblocage, la Somaïr serait contrainte de prendre « des mesures de réduction d’activité progressive qui pourraient aller dans les prochains mois à l’arrêt des activités », indique encore l’entreprise.
Orano possède environ 64 % de la Somaïr, détenue pour le reste par la Sopamin, société d’Etat du Niger. Depuis la reprise des activités en février, le site a produit un peu plus de 700 tonnes (t) de concentré minier d’uranium, stockées sur place. En 2023, du fait de la situation politique au Niger, le tonnage avait chuté à 1 130 – contre environ 2 000 t en année normale –, ce qui représente environ 16 % de la production d’uranium d’Orano dans le monde.
Cette situation n’a pas de conséquences notables pour l’approvisionnement de ses clients, affirme toutefois le groupe français, qui souligne son « empreinte minière internationale, sur presque tous les continents », et précise avoir notamment renforcé ses activités au Canada.
S’agissant des conséquences financières pour le groupe, elles sont en cours d’évaluation. Orano doit communiquer ses résultats semestriels le 26 juillet.