Souvent déficitaires, les start-up de l’IA sont sous pression

Le logo d’OpenAI, société créatrice du robot conversationnel ChatGPT, le 20 mai 2024.

En août, Google a embauché les dirigeants et des ingénieurs de la start-up d’intelligence artificielle (IA) Character AI. En juin, Amazon avait fait de même avec des recrues d’Adept AI. Et, en mars, Microsoft avait déjà frappé les esprits en absorbant une partie de l’équipe d’Inflection AI, dont son cofondateur, Mustafa Suleyman, un ancien de DeepMind. Cette société avait pourtant été créée à peine deux ans plus tôt pour concurrencer le robot conversationnel ChatGPT et elle était valorisée 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros), après avoir levé 1,3 milliard de capitaux. Ces débauchages ont été remarqués dans tout le secteur et perçus comme un signe de la pression économique à laquelle sont désormais soumises, après une phase d’euphorie, les jeunes pousses de l’IA, aux Etats-Unis ou en Europe.

« Souvent, les start-up d’IA dépensent beaucoup et peuvent survivre un à deux ans au maximum sans lever de fonds », expliquait, début septembre, Clément Delangue, cofondateur de Hugging Face, dans un entretien au Monde. « Je pense qu’[en 2024] on va voir plus de plus de focus sur la rentabilité des start-up d’IA », ajoutait le directeur général de cette plate-forme de publication d’outils et de modèles d’IA, racontant être contacté chaque semaine par « dix start-up » souhaitant « se faire racheter ».

Le ciel s’est un peu assombri depuis que certains déplorent l’existence d’une bulle spéculative dans l’IA générative, qui permet de générer et de traiter des textes, des images ou des sons. « IA générative : trop de dépenses pour trop peu de bénéfices ? », demandait ainsi, en juin, la banque d’affaires Goldman Sachs. Le coût du calcul informatique pour entraîner et faire fonctionner les IA, de même que la persistance d’erreurs dans leurs réponses, soulève des interrogations sur le rythme de leur déploiement dans les entreprises.

Lourds investissements

En outre, les start-up, souvent fabricantes de modèles ou de services d’IA, doivent aussi composer avec les géants du numérique, à la fois partenaires et concurrents : par le biais de leurs filiales de services aux entreprises dans le cloud (informatique dématérialisée), ceux-ci fournissent aux start-up du calcul informatique et distribuent leurs modèles. De plus, Google, Microsoft ou Meta peuvent déployer des assistants IA sur leurs propres smartphones, moteurs de recherche, réseaux sociaux ou logiciels de bureautique.

Même la société créatrice de ChatGPT, figure de proue du secteur, suscite des questionnements. « Comment OpenAI peut-elle survivre ? », demandait, en juillet, dans un billet au ton provocateur, le communicant et essayiste critique de l’IA Ed Zitron, doutant des chances de « rentabiliser » l’entreprise. Selon le média The Information, les revenus d’OpenAI ont doublé en un an et dépassent 3 milliards de dollars en rythme annuel. Mais son déficit atteint 5 milliards, en raison notamment des 4 milliards de calcul informatique payés à son partenaire Microsoft. Ce dernier a investi 13 milliards de dollars dans OpenAI, mais la start-up chercherait de nouveau à lever plus de 5 milliards, ce qui la valoriserait à 150 milliards de dollars, selon la presse américaine.

Il vous reste 48.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.