« Si les Etats-Unis s’entendent avec la Russie sur un allègement de la safety militaire en Europe, il faudra leur trouver un substitut en urgence »

Maintenant qu’on sait qu’il y aura de l’argent sur la table et que les dirigeants souscrivent à l’idée de faire renaître une défense communautaire, l’Union européenne va-t-elle devenir mécaniquement un acteur géopolitique ? De deux choses l’une : ou bien l’on va assister à une montée en capacité militaire inégale et décousue d’un pays membre à l’autre, ou bien à l’émergence d’une Europe forte, en mesure de faire face aux défis et aux menaces d’aujourd’hui et de demain. La Pologne a un plan pour ce second cas de figure.

Sous l’effet de la guerre en Ukraine et de la politique étrangère anti-européenne de Donald Trump, les dirigeants européens jugent désormais nécessaire de suppléer à des années de sous-investissement en matière de défense. La Pologne prévoit pour sa part d’y consacrer 4,7 % de son PIB en 2025, et se réjouit de voir l’Europe faire le choix du hard power [« pouvoir de coercition »].

Le programme Réarmer l’Europe de la Commission européenne, le projet de la Banque européenne d’investissement d’étoffer son soutien à l’industrie de sécurité et de défense communautaire et le Livre blanc sur l’avenir de la défense européenne permettront de dégager des fonds que les pays membres pourront mettre à profit pour améliorer leur niveau de préparation. Accueillie favorablement en Pologne, la proposition française d’étendre son parapluie nucléaire pourrait également redéfinir les stratégies militaires et la trajectoire de la défense européenne.

Epée de Damoclès

Les questions d’ordre technique détermineront la forme que prendra la défense européenne :
comment assurer la cohésion de l’Union ? Combler les lacunes matérielles des Etats membres ? Choisir la provenance des achats groupés d’équipements ?

La Pologne préconise un effort coordonné à l’échelle de l’Union pour muscler le budget de la défense et l’aligner avec les objectifs de l’OTAN. Or, le nouveau gouvernement américain cherche à diviser l’Europe pour mieux régner : même si les informations en provenance de Washington changent d’heure en heure, Donald Trump a fait savoir à plusieurs reprises qu’il accorderait un traitement préférentiel aux pays de l’OTAN mettant davantage la main à la poche sur le front de la défense.

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