Plans sociaux, les visages de la crise : « En plus du chômage, nous sommes condamnés à avoir l’inquiétude de la maladie jusqu’à la fin de nos jours »
Depuis trois mois, Sophian Hanous ne dort presque plus et s’est mis au sport « pour penser à autre chose ». Comme ses collègues, ce salarié de l’entreprise Solvay, à Salindres dans le Gard, a appris, le 24 septembre, que l’usine allait fermer et licencier 68 personnes au printemps 2025. « Un coup de massue » pour ce trentenaire et « une double peine ». Car, sur ces terres situées au pied des monts cévenols, des enquêtes, dévoilées en mars, ont révélé que l’entreprise rejetait dans les eaux des taux très importants d’acide trifluoroacetique – un produit utilisé pour la fabrication de pesticides, d’extincteurs et de médicaments, que l’on retrouve dans les polluants éternels. « Maintenant que la pollution est avérée, l’entreprise ferme. Et nous, on reste sans emploi et avec de grosses inquiétudes sur notre santé », critique Sophian Hanous.
Né à Alès, le Gardois travaille chez Solvay depuis treize ans. A l’époque, âgé de 25 ans, avec un bac en poche et quelques emplois en intérim sur son CV, il pense avoir trouvé un poste en or lorsqu’il se fait embaucher en CDI. « L’entreprise nous a financé un bac pro en alternance dans les métiers de la chimie sur un an. Ils voulaient des gens qualifiés. On était contents d’être dans une grosse boîte avec des salaires supérieurs. On a tous fermé les yeux sur ce qu’on faisait », raconte-t-il. Avec 3 000 euros net par mois « pour un niveau bac », Sophian Hanous sait qu’il fait partie des privilégiés dans un département à l’économie sinistrée, le cinquième plus pauvre de l’Hexagone : « Ça nous a donné une qualité de vie qu’on ne veut pas abandonner. Les chefs de poste touchent plus de 4 000 euros. »
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