L’OMC prédit une contraction historique du commerce mondial cette année, conséquence de la « tempête Trump »

Le choc est d’une telle ampleur qu’il est difficile à mesurer. Dans ses prévisions annuelles publiées ce mercredi 16 avril, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) table sur une baisse du volume du commerce mondial de marchandises comprise entre 0,2 % et 1,5 % en 2025 en fonction de la politique douanière de Trump, soit une baisse d’au moins 2,9 points de pourcentage par rapport à ses estimations d’octobre 2024 qui envisageaient une hausse de 2,7 %.
Le président américain a ramené le 9 avril les droits de douane sur les importations américaines à un « seuil plancher » de 10 % pour une durée de quatre-vingt-dix jours, le temps de négocier des accords avec chaque pays, sauf pour les marchandises chinoises, taxées à 145 %. C’est principalement l’Amérique du Nord, dont les échanges extérieurs devraient reculer de 1,7 % en 2025, qui entraîne le commerce mondial dans sa chute.
« La nature sans précédent du récent changement de politique commerciale est un défi pour les prévisionnistes, précise l’OMC dans son rapport, car il n’existe aucun événement comparable dans l’histoire récente. » Le mouvement de reflux a déjà commencé, si l’on en juge par l’indice du prix du fret SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), un indicateur de l’activité du transport maritime, qui a plongé de 40 % sur les trois premiers mois de l’année. Cette décélération touche même les services, comme le tourisme ou la vente de logiciels, pourtant exempts de droits de douane, avec une croissance qui ne devrait pas dépasser les 4 % en 2025, un taux largement inférieur à la moyenne enregistrée de ces dernières années. Le commerce mondial de marchandises devrait ensuite renouer avec une modeste croissance de 2,5 % en 2026.
« Crainte d’escalade tarifaire »
L’OMC n’hésite plus à parler de « découplage » entre les deux plus grandes économies du monde avec des exportations chinoises qui devraient chuter de 77 % à destination des Etats-Unis. Cette perte de parts de marché devrait principalement bénéficier au reste de l’Asie, et en particulier aux pays les moins développés. Alors que le reste du monde s’inquiète d’un déferlement de produits chinois, les exportations du géant asiatique vont se rediriger partout sur la planète, avec des augmentations de 25 % vers l’Amérique du Nord (hors Etats-Unis), de 9 % vers l’Amérique du Sud et de 6 % vers l’Union européenne. En mars, la Chine a vu ses exportations augmenter de 12 % sur un an, et son excédent commercial a frôlé les 1 000 milliards de dollars (879 milliards d’euros) en 2024.
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