Les laboratoires plaident pour un élargissement de l’automédication

Des médicaments dans une pharmacie, à Paris, le 19 octobre 2022.

Brûlures, allergies, constipation, maux de gorge, migraine, mal des transports, boutons de fièvre, rhumes, addiction au tabac… Confrontés à des difficultés d’accès à leurs médecins, les Français sont de plus en plus nombreux à privilégier l’achat de médicaments sans ordonnance pour soulager leurs affections du quotidien. Quitte à débourser quelques euros de leur poche, faute de prescription médicale. Evoquant des économies supplémentaires pour l’Assurance-maladie, les laboratoires pharmaceutiques plaident pour en élargir l’accès.

En 2023, plus de 349 millions de passages au comptoir des pharmacies tricolores concernaient des achats de produits sans ordonnance. Si l’automédication gagne du terrain dans l’Hexagone, elle reste en deçà des tendances observées chez nos voisins européens. « Actuellement, environ 23 % des maux du quotidien sont traités avec des produits achetés sans ordonnance en France. Au Royaume-Uni, c’est 27 %, et en Allemagne, 47 % », met en avant Luc Besançon, délégué général de NèreS, la fédération qui représente les industriels des médicaments de premier recours.

En cause, le faible nombre de molécules autorisées par le gouvernement à être vendues sur prescription médicale facultative. Actuellement, la liste des médicaments que l’on peut, à l’image du paracétamol, se procurer librement en officine contient près d’une centaine de molécules. Mais elle a le potentiel d’être deux fois plus longue, plaide l’organisation professionnelle. Les laboratoires pharmaceutiques ont ainsi identifié 99 molécules, déjà disponibles dans d’autres pays d’Europe et dont le profil de risque a été étudié, qui pourraient être ajoutées à la liste tricolore.

Respect du principe d’équité d’accès aux soins

Afin de convaincre les autorités, les industriels soulignent le gisement d’économies que représente l’automédication pour l’Assurance-maladie. En 2023, le secteur estime avoir épargné plus de 3,1 milliards d’euros de dépenses à l’organisme. En élargissant la liste des médicaments vendus sans ordonnance aux 99 molécules identifiées, cela réduirait encore la facture pour l’Etat de 201 millions à 377 millions d’euros par an, calcule NèreS. Ces économies proviendraient à 58 % du coût des consultations médicales évitées et à 42 % du non-remboursement des médicaments, les traitements achetés sans ordonnance étant à la charge du patient.

Un argument qui pourrait faire mouche, alors que l’Assurance-maladie s’attend à un déficit de plus de 11,4 milliards d’euros en 2024. D’autant que cette solution a l’avantage de respecter le principe d’équité d’accès aux soins : « Nous ne demandons pas un déremboursement. Ces médicaments seront toujours pris en charge lorsque le patient dispose d’une ordonnance du médecin. Il s’agit d’offrir une alternative », précise Vincent Guiraud-Chaumeil, vice-président de NèreS. Les laboratoires notent aussi que, en évitant de passer par la case médecin pour traiter les pathologies bénignes du quotidien, le secteur fait gagner deux heures de consultation par jour aux professionnels de santé.

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