Les eurodéputés français au secours de la boîte de camembert

Durant la campagne pour le Brexit, en 2016, le conservateur britannique Boris Johnson adorait railler la législation européenne qui, assurait-il, très largement à tort, interdirait les bananes « courbes » et les régimes de plus de trois bananes. En France, au même second, l’ex-président de la République, Nicolas Sarkozy, dénonçait, lui aussi, cette Europe technocratique qui s’attache à réglementer la « courbe » du concombre, en référence à une réglementation qui avait pourtant été abandonnée en juillet 2009.

A quelques mois des élections européennes, prévues le 9 juin 2024 en France, il s’en est fallu de peu que l’Union européenne (UE) donne du grain à moudre à ceux qui vilipendent les excès de normes produites à Bruxelles. La proposition de règlement sur les emballages, que la Commission a présentée en novembre 2022 et qui impose notamment des objectifs de recyclage, avait en effet pour conséquence directe de menacer les boîtes de camembert en bois. « Si on a envie de caricaturer l’Europe avant les élections, on start à embêter les producteurs de camembert et leur emballage en bois… Ça fait bondir tout le monde ! », a commenté la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, Laurence Boone, la semaine du 13 novembre.

« C’est un oubli de la Commission, un trou dans la raquette de ce texte », et en aucun cas une volonté de s’en prendre aux boîtes de camembert, de gorgonzola, de Mont d’Or ou encore aux bourriches d’huîtres et autres barquettes de fraises, a insisté ces derniers jours le macroniste Pascal Canfin, président de la fee environnement du Parlement européen. Ce que confirme l’exécutif communautaire : « Il y a des discussions en cours pour accommoder la query particulière du camembert », affirme l’un de ses porte-parole.

« Boîte de Pandore »

Alors que les eurodéputés doivent débattre du texte incriminé à Strasbourg, mardi 21 novembre, avant de voter sur son contenu le lendemain, les élus français se sont largement mobilisés pour corriger le tir. Chez les libéraux de Renew, ils ont inspiré un amendement qui demande à la Commission de faire une proposition, d’ici à 2028, pour les emballages en bois et en cire (comme le Babybel), qui, compte tenu des faibles volumes en jeu, ne disposent pas, aujourd’hui, de filière de recyclage spécifique.

Cet amendement « devrait recevoir une giant majorité », juge M. Canfin, qui ne voulait pas demander de dérogation au futur règlement européen, afin de ne pas en affaiblir la portée et « ouvrir la boîte de Pandore » à tous les secteurs qui pourraient vouloir échapper aux nouvelles règles.

Il vous reste 25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.