Le Royaume-Uni, terrain fertile pour les véhicules électriques chinois

Un bus BYD de l’operateur Arriva UK Bus, à Liverpool, en mars 2018.

L’emplacement du nouveau showroom londonien de BYD est stratégique. Situé au cœur de Mayfair, l’un des quartiers les plus huppés de la capitale britannique, la boutique du constructeur chinois côtoie un concessionnaire Rolls-Royce et une enseigne Land Rover. A l’intérieur, quatre modèles sont exposés dans un espace aux murs recouverts d’écrans diffusant des images de fonds sous-marins. On y trouve notamment une Dolphin bleu électrique, un modèle qui affiche une autonomie de 426 kilomètres et a commencé à faire son apparition sur les routes d’outre-Manche.

Le Royaume-Uni est devenu un terrain fertile pour les marques chinoises de véhicules électriques. Great Wall Motors, qui avait effectué une première incursion ratée en 2012 avec un pick-up électrique, a été le premier à s’y installer, lançant son modèle Ora sur le marché britannique, en 2022. Il a été suivi par SAIC, qui a mis en vente un véhicule multiplace la même année, puis par BYD en 2023. Cet été, le groupe Chery a, à son tour, fait son entrée dans le pays. Xpeng et Nio, quant à eux, prévoient de s’y implanter en 2025.

Peter Wells, le directeur du Centre de recherche sur l’industrie automobile de l’université de Cardiff, constate « une véritable effervescence » autour de ces véhicules. BYD, qui est au coude à coude avec l’américain Tesla pour dominer les ventes de voitures électriques sur le plan mondial, multiplie les ouvertures de showrooms et les accords avec des concessionnaires. Les marques chinoises représentent désormais 10 % des nouveaux enregistrements de « wattures » au Royaume-Uni, contre 3 % à 4 % il y a cinq ans, selon le département du transport.

« Objectifs contraignants »

Le marché britannique se distingue par son ouverture face aux groupes automobiles chinois. Soucieux de protéger leur industrie nationale contre la concurrence venue de Chine, les Etats-Unis ont introduit en mai une taxe à l’importation de 102,5 % sur les voitures électriques en provenance de ce pays. L’Union européenne a suivi en juillet, adoptant une taxation oscillant entre 27,4 % et 47,6 %. N’étant plus obligé, depuis le Brexit, de se conformer aux décisions européennes, le secrétaire d’Etat britannique aux affaires et au commerce, Jonathan Reynolds, a, au contraire, promis cet été qu’il ne lancerait pas d’enquête sur les pratiques des producteurs chinois de véhicules électriques.

Londres craint en effet de susciter l’ire de Pékin, mettant en péril son accès au marché chinois, crucial pour sa propre industrie automobile, notamment les groupes Rolls-Royce, Jaguar et Bentley, qui réalisent une part croissante de leurs ventes en Chine. « Le gouvernement britannique s’est également fixé des objectifs contraignants en matière de ventes de véhicules électriques, souligne Peter Wells. Pour les atteindre, il lui faut maximiser le nombre de voitures “vertes” mises à la disposition des consommateurs, notamment celles dont le prix est abordable. »

Il vous reste 35.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.