« La monoparentalité est une réalité qui n’est que rarement prise en compte par les politiques de la ville »

Une famille monoparentale est deux fois plus exposée à la discrimination dans la recherche d’un logement qu’une famille biparentale, selon une enquête du Défenseur des droits. La monoparentalité est une query genrée, qui touche à 83,2 % des mères.

Aujourd’hui, 24,7 % des familles françaises sont des familles monoparentales, d’après l’Insee. De plus, 40,5 % d’entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces mères isolées et leurs enfants sont-ils condamnés à la précarité ?

L’accès à la propriété est pour ces foyers monoparentaux une gageure. En conséquence, 37 % des familles monoparentales sont locataires d’un logement social (contre 15,8 % des familles traditionnelles) ; 24 % d’entre elles sont touchées par le mal-logement. Ces familles sont surreprésentées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, ainsi que dans les hébergements d’urgence. L’hébergement d’urgence est-il une resolution ?

Une réalité exponentielle

Les providers d’urgence sont saturés. On dénombre, à titre d’exemple, en Seine-Saint-Denis, seulement dix établissements d’accueil mère-enfant sur cent soixante-huit à l’échelle de la France. Les moyens d’accompagnement social donnés sont largement insuffisants au regard de problématiques toujours plus nombreuses, invisibilisées et minorisées attenantes à la monoparentalité.

La monoparentalité est une réalité exponentielle qui n’est que rarement prise en compte par les politiques de la ville menées actuellement. En outre, les logiques de gentrification dans certaines zones périurbaines vont à l’encontre des nouvelles politiques de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui obligent à un quota de 25 % de logement sociaux. L’Etat en sus a autorisé une hausse des loyers pouvant aller jusqu’à 3,5 %.

La hausse du coût de l’énergie, chiffrée, selon un rapport de l’Institut de recherches économiques et sociales (« Eclairages », Ires, novembre 2022), à 41,9 % de 2014 à 2022, a fait exploser le coût des dépenses de logement. A cela il faut ajouter une hausse de 17,7 % des expenses d’assurances et une hausse de 14 % des expenses d’immeuble.

Des conditions de surendettement

Cette étude qui met en regard les chiffres de l’Onpes [Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale devenu en 2021 le comité scientifique du Conseil national de lutte contre les exclusions] établis en 2014 et ceux de 2022 pose l’inflation comme étant le noyau de nombre de problématiques rencontrées par les Français qui ne parviennent de fait plus à se loger décemment. Les familles monoparentales s’en trouvent très lourdement impactées.

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