La famille royale de Norvège ploie sous le poids des scandales

Au premier rang, le roi Harald V de Norvège, la princesse Ingrid Alexandra et la reine Sonja. Derrière eux, la princesse Mette-Marit (2e à g.), sa mère, son époux le prince héritier Haakon, et ses deux fils, le prince Sverre Magnus et Marius Borg Høiby (à dr.), à Oslo, le 17 juin 2022.

A la fin de l’été, les Norvégiens pensaient avoir ­touché le fond. Ils avaient d’abord appris avec effroi, le 4 août, l’interpellation de Marius Borg Høiby, le fils de la princesse héritière Mette-Marit, soupçonné d’avoir agressé sa petite amie. Puis, le 31 août, ils avaient assisté, médusés, au mariage très controversé de la princesse Märtha Louise, fille aînée du roi Harald V et de la reine Sonja, avec l’Américain Durek Verrett, chaman autoproclamé, suspecté de charlatanisme. Le pire, pourtant, restait à venir : Marius Borg Høiby, 27 ans, a été placé en détention provisoire le 18 novembre, avant d’être remis en liberté le 27 novembre. Il est accusé de deux viols, dont l’un documenté par une vidéo trouvée par les policiers sur son téléphone portable.

D’abord prudents, les spécialistes de la royauté norvégienne admettent désormais que l’heure est grave : « Il s’agit de la plus grosse crise [qu’ait connue la monarchie] depuis 1905 et l’indépendance du pays », estime Caroline Vagle, reporter au magazine Se og Hør. Commentateur sur la chaîne TV2, ­Ole-Jørgen Schulsrud-Hansen explique : « C’est le revers de la médaille quand vous avez une famille à la tête de l’Etat. Tout ce qui affecte la famille affecte l’institution, et vice versa. »

Pour ceux, encore minoritaires dans le pays, qui rêvent de voir la Norvège devenir une république, ces scandales en série révèlent surtout « les problèmes inhérents au régime monarchique », remarque le député du Parti socialiste de gauche Andreas Sjalg Unneland : « C’est une sorte de loterie. On ne peut qu’espérer que les membres de la famille royale se comportent bien et qu’on aura de la chance avec ceux qui y naissent ou s’y marient. »

Alcool et cocaïne

Sur la photo de famille, Marius Borg Høiby a une place à part : né en 1997 d’une relation entre Mette-Marit, serveuse à l’époque, et Morten Borg, un analyste financier condamné, au début des années 2000, pour possession et usage de stupéfiants, le jeune homme n’a pas de sang royal. Mais sa mère, qui a épousé le prince héritier Haakon en 2001, est devenue la future reine de Norvège. Si cette union avait fait polémique à l’époque, elle a finalement été acceptée par les Norvégiens, comme le signe d’une modernisation de la monarchie.

Marius Borg Høiby, le 16 juin 2022, à Oslo.

Elevé dans l’opulence des palais, Marius Borg menait une vie dissolue depuis la fin de ses années lycéennes, en 2016. En 2017, il avait été condamné à une amende pour possession de cocaïne lors d’un festival de musique. Ses ennuis avec la justice s’étaient arrêtés là. Jusqu’au 4 août : soupçonné d’avoir agressé physiquement sa petite amie, la veille, dans un appartement du quartier chic de Frogner, à Oslo, il est interpellé une première fois. Quelques jours plus tard, il faisait acte de contrition. Dans un communiqué adressé à la chaîne publique NRK le 14 août, il reconnaissait les faits, tout en assurant avoir agi « sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne » et affirmait souffrir de « plusieurs maladies mentales ».

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