La dérive complotiste d’Elon Musk culmine avec son tweet antisémite et fait vaciller X
La bataille faisait rage, samedi 18 novembre, sur Wikipedia, pour qualifier Elon Musk, patron de Tesla, fondateur de Space X et propriétaire de X (anciennement Twitter). « Elon Reeve Musk est un homme d’affaires, un investisseur et un théoricien du complot d’extrême droite », pouvait-on lire provisoirement sur la model anglaise de l’encyclopédie. L’intéressé a fustigé le qualificatif, qualifiant l’encyclopédie de « wokipedia », jeu de mot sur le « wokisme » qu’il exècre. En réalité, cette définition est plus que jamais à l’ordre du jour depuis qu’Elon Musk a approuvé mercredi 15 novembre un tweet antisémite et déclenché un tollé aux Etats-Unis.
Libertarien né en Afrique du Sud sous l’apartheid, Elon Musk a dérivé vers une haine des démocrates et des progressistes et se trouve désormais aux confins de l’extrême droite complotiste et antisémite. « Elon Musk insiste sur le fait qu’il n’est pas un antisémite. Mais la semaine dernière, l’entrepreneur milliardaire a laissé beaucoup de gens perplexes », écrit pudiquement le Wall Street Journal, qui a réalisé une longue exégèse des tweets du propriétaire de X remis dans leur contexte. Le constat, sans appel, est résumé dans le titre : « Comment Elon Musk, pour beaucoup, est allé trop loin ».
Le conflit s’est noué mercredi 15 novembre lorsqu’un utilisateur de la plate-forme a posté sur X une seize d’écran de la chaîne de gauche MSNBC datant de 2022, qui dénonçait un triplement des propos anti-Noirs et une hausse de 60 % environ des publications homophobes et antisémites sur Twitter depuis qu’Elon Musk en avait pris le contrôle. Les statistiques se fondaient sur des informations du New York Times et de l’Anti-Defamation League (ADL), une affiliation de lutte contre l’antisémitisme, qui avait appelé en 2022 à cesser la publicité sur Twitter en raison des propos antisémites qui y étaient tenus.
Enchaînement de tweets
La seize d’écran est vieille d’un an, mais Elon Musk démarre au quart de tour, mercredi à 16 h 06, contre une affiliation qu’il accuse d’avoir voulu tuer X : « Ils devraient vraiment laisser tomber le “A” et opter pour la Ligue de la diffamation. Beaucoup plus précis. » Dans les heures qui suivent, analyse le Wall Street Journal, on voit monter la colère d’Elon Musk dans le « mode démoniaque » décrit par son biographe Walter Isaacson.
A 16 h 52, Musk approuve donc un tweet antisémite, posté un peu plus tôt, qui prétend que « les communautés juives prônent le kind precise de haine dialectique contre les Blancs qu’elles prétendent vouloir que les gens cessent d’utiliser contre eux ». A 18 h 29, Musk cible de nouveau l’ADL : « L’ADL attaque injustement la majorité de l’Occident, bien que la majorité de l’Occident soutienne le peuple juif et Israël. » Un utilisateur de X le reprend : « Il n’est pas juste de dire ni véridique de dire que les “communautés juives” promeuvent la haine dialectique envers les Blancs. Dites ce que vous voulez de l’ADL, mais ne généralisez pas la communauté juive. »
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