Géorgie : nouvelles manifestations proeuropéennes à la veille de l’élection d’un nouveau président

Manifestation proeuropéenne à Tbilissi, le 13 décembre 2024.

De nouvelles manifestations proeuropéennes ont lieu en Géorgie vendredi 13 décembre, à la veille de la désignation par un collège électoral du président – un poste promis à un partisan radical du gouvernement – à la place de la pro-occidentale Salomé Zourabichvili. Ce pays du Caucase est dans la tourmente depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais jugées truquées par l’opposition proeuropéenne.

Fin novembre, la décision des autorités de laisser en suspens jusqu’en 2028 la question de l’intégration à l’Union européenne (UE) a entraîné des manifestations émaillées de violences. Celles-ci sont entrées jeudi dans leur troisième semaine. Dans la capitale, Tbilissi, la principale manifestation antigouvernementale, chaque soir devant le Parlement, a rassemblé vendredi des milliers des personnes, selon des journalistes de l’Agence France-Presse, et devrait de nouveau se prolonger dans la nuit.

Plus tôt dans la journée ont eu lieu des manifestations d’ampleur organisées par les secteurs professionnels, une première depuis le début de la crise.

Les tensions pourraient s’accentuer samedi, le jour où Rêve géorgien compte faire élire à la présidence du pays l’ex-footballeur d’extrême droite Mikhaïl Kavelachvili, une personnalité loyale au pouvoir. Un rassemblement est déjà annoncé pour la matinée devant le Parlement, où un collège électoral contrôlé par le parti au pouvoir devra le désigner par un vote boycotté par l’opposition.

L’actuelle cheffe de l’Etat, Salomé Zourabichvili, qui a des prérogatives limitées mais se trouve en rupture avec le gouvernement et soutient les manifestants, avait auparavant annoncé qu’elle refuserait de rendre son mandat tant que de nouvelles législatives n’auraient pas été organisées.

Lors d’une conférence de presse vendredi, elle a estimé que la désignation du président prévue samedi était une « parodie » et serait « anticonstitutionnelle » et « illégitime ».

Lacrymogènes et canons à eau

Dans un message vidéo, Emmanuel Macron a affirmé quant à lui que la France était aux côtés de ses « chers amis géorgiens » dans leurs « aspirations européennes et démocratiques ». « La Géorgie ne peut espérer progresser sur son chemin européen si les manifestations pacifiques sont réprimées avec un recours disproportionné à la force, si les organisations de la société civile, les journalistes, les membres des partis d’opposition sont inquiétés », a-t-il ajouté.

Au cours des deux premières semaines de manifestations, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les rassemblements quotidiens de milliers de personnes. Des protestataires ont, quant à eux, recouru à des mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre. Plus de 400 manifestants ont été interpellés, selon des chiffres officiels, dont au moins trente pour des infractions pénales, passibles de peines sévères.

De multiples cas de violences policières contre des manifestants et des journalistes ont été documentés par des ONG et l’opposition, une répression qu’ont dénoncée les Etats-Unis et les Européens. Vendredi, l’ONG Amnesty International a assuré que les manifestants avaient subi « des tactiques de dispersion brutales, des détentions arbitraires et des tortures ».

Rêve géorgien a affirmé que l’opposition était responsable des violences, relevant que les rassemblements étaient plus calmes depuis plusieurs jours. Des descentes de police ont conduit à la saisie de quantité de feux d’artifice et à l’arrestation de plusieurs meneurs de l’opposition.

Vendredi, Washington a annoncé avoir interdit de visa une vingtaine de personnes accusées de « saper la démocratie » en Géorgie, parmi lesquelles des ministres en exercice et des parlementaires.

Le Monde avec AFP

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