En Auvergne-Rhône-Alpes, près de 4 milliards d’euros indispensables au rétablissement des trains régionaux
La région Auvergne-Rhône-Alpes a accumulé un tel retard dans la gestion des trains express régionaux (TER) qu’un investissement d’au moins 3,8 milliards d’euros sur dix ans est désormais indispensable pour assurer l’acquisition de nouveaux matériels roulants. Cela exigerait le doublement des montants investis, qui est actuellement de l’ordre de 194 millions d’euros par an. C’est le prix à payer pour que le transport ferroviaire de la deuxième région démographique et économique de France puisse fonctionner convenablement. Telle est la principale préconisation d’un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) d’Auvergne-Rhône-Alpes, rendu public jeudi 5 septembre à Lyon.
Selon l’étude des magistrats financiers, les trains régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) transportent 220 000 voyageurs chaque jour, sur 3 600 kilomètres de lignes, ce qui en fait le deuxième réseau ferroviaire français, après l’Ile-de-France. La fréquentation des passagers a augmenté de 13 % entre 2015 et 2022, contre 41 %, selon la moyenne nationale. L’offre de trains dans la région a baissé de 6 % sur la même période, alors qu’elle a progressé de 10 % sur l’ensemble de la France. Le taux de remplissage, calculé par le nombre moyen de voyageurs par train régional, est passé de 89 à 104 entre 2017 et 2022.
Des trains bondés et en nombre insuffisant : la qualité du service s’en ressent, la perception du public aussi. Avec l’aide d’organismes spécialisés, les magistrats ont eu recours à des méthodes novatrices pour le mesurer. Alors que la SNCF mène des sondages à bord des TER, et peut afficher un taux de satisfaction générale de 87 % en 2022, la CRC a puisé dans le fichier des abonnés pour mener une étude auprès de plus de 6 000 usagers, dont ceux qui ont subi des annulations de trains et qui, par définition, n’étaient pas interrogés. Résultat : seulement 53 % de satisfaction en 2023. « Une qualité de service relativement dégradée, dont une des causes est l’insuffisance de rames et l’inadaptation des matériels actuels aux besoins des usagers », estime le rapport de la CRC.
Responsabilités partagées
Cela s’explique en grande partie par le sous-dimensionnement du parc de matériels roulants. La région disposait de 418 rames de TER en 2023, le même nombre qu’en 2017, dont 32 de trains Corail de 40 ans d’âge moyen. Il manque une « trentaine de rames par jour » pour assurer un service convenable, stipule le rapport de la CRC. Et la situation va mettre du temps à s’améliorer, faute d’anticipation. « Le parc de la région Auvergne-Rhône-Alpes est un des plus âgés de France, le nombre de voyageurs par train s’accroît régulièrement, cette tension risque d’être encore accrue par la nécessité de remplacer les trains Corail », a indiqué le président de la chambre régionale des comptes, Bernard Lejeune, en exposant le rapport.
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