Budget : Bruxelles valide les promesses françaises sans y croire tout à fait
Ne pas ajouter une crise européenne à une crise française. En plein débat politique houleux à Paris, la Commission européenne a décidé, mardi 26 novembre, d’apporter son soutien au projet budgétaire défendu par le gouvernement de Michel Barnier. Il a validé tant le budget pour 2025 que le plan de redressement pluriannuel présenté par la France dans le cadre du nouveau pacte de stabilité, rénové au printemps. Une indulgence marquante, alors même que les premières étapes prévues par Michel Barnier pour reprendre le contrôle du déficit sont, en France, jugées de moins en moins vraisemblables.
L’exécutif européen, lui, considère comme « crédible » le plan de moyen terme présenté par le premier ministre pour les sept ans à venir, et accepte que, compte tenu des difficultés françaises actuelles, l’objectif de ramener le déficit sous le seuil des 3 % du produit intérieur brut (PIB) soit repoussé de 2027 à 2029.
Selon le document transmis par la France, le 31 octobre, le déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, attendu à 6,1 % du PIB cette année, redescendrait progressivement, pour tomber à 2,8 % en 2029, respectant alors enfin les règles européennes. Dans le même temps, la dette publique française continuerait, elle, à monter, passant de 112,9 % du PIB cette année à 115,8 % en 2029. Elle resterait ainsi très loin du plafond de 60 % fixé dans les traités européens.
« Nous n’avons pas été trop indulgent avec la France, s’est défendu mardi Paolo Gentiloni, le commissaire européen chargé des affaires économiques. Le gouvernement de Michel Barnier a été courageux de présenter une telle trajectoire de redressement, considérant le contexte politique, notamment la composition de l’Assemblée nationale. » La Commission refuse en revanche d’évoquer l’éventualité d’une censure du gouvernement qui mènerait à l’abandon du budget, ou celle d’une remise en cause de la réforme des retraites, qui modifierait la trajectoire budgétaire. « Nous évaluons les plans soumis, et rien d’autre », évacue Valdis Dombrovkis, le vice-président de la Commission.
« Conformes aux recommandations »
Comme pour sept autres pays, dont l’Italie ou la Grèce, l’exécutif communautaire considère les plans présentés par la France « conformes aux recommandations, car leurs dépenses nettes devraient se situer à l’intérieur des plafonds ».
Dans sa copie remise à Bruxelles, la France projette de réaliser un effort budgétaire de 60 milliards d’euros, sous forme de réductions de dépenses et d’impôts nouveaux, et promet de réduire le déficit à 5 % du PIB en 2025. « Sur le papier, ces objectifs sont parfaits et dans les clous, confie un diplomate européen. Il va falloir voir la réalité car, jusqu’à présent, la France mais aussi d’autres pays, comme l’Italie, n’ont jamais réussi à tenir leurs engagements. »
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