Au lendemain des élections européennes, la France, affaiblie à Bruxelles, cherche à limiter les dégâts

La députée européenne Valérie Hayer quitte une conférence de presse au Parlement européen au lendemain des élections pour le Parlement européen, à Bruxelles, le 10 juin 2024.

Il est encore difficile, lundi 10 juin, d’évaluer toutes les conséquences pour la France des élections européennes du 9 juin. Une chose est sûre, la victoire écrasante du Rassemblement national (RN) et le recul de la majorité présidentielle vont amoindrir son influence au Parlement européen et, par voie de conséquence, sur la scène communautaire.

Avec 13 eurodéputés, contre 23 aujourd’hui, quand le Rassemblement national devrait en compter 30, la majorité présidentielle a subi un sérieux revers à Strasbourg. Le groupe des Libéraux, dont elle est la première délégation nationale, a, lui aussi perdu du terrain mais, à ce stade, il reste la troisième force politique dans l’Hémicycle.

Pour Valérie Hayer, la présidente du groupe, qui était aussi la tête de liste des macronistes pour les élections européennes, « Renew est une force centriste et centrale pour former une majorité au Parlement européen », au côté des droites européennes du Parti populaire européen (PPE) – le premier groupe, qui est sorti renforcé du scrutin de dimanche – et des sociaux-démocrates (S&D) – qui ont pour leur part limité les dégâts.

« La France est affaiblie au Parlement européen », reconnaît l’eurodéputé macroniste Pascal Canfin, pour qui « l’enjeu, désormais, c’est qu’elle garde la présidence de Renew ». Valérie Hayer sait qu’il lui faudra se battre. « Si on perdait la présidence du groupe avant les législatives, cela enverrait un très mauvais signal », explique un diplomate français.

Cordon sanitaire

Valérie Hayer va également se démener pour faire en sorte que Renew ne se laisse pas dépasser par l’actuel quatrième groupe, l’extrême droite des Conservateurs et réformistes européens (ECR), qui réunit Fratelli d’Italia, le parti post-fasciste de Giorgia Meloni, Reconquête ! ou encore le PiS polonais. Celui-ci multiplie en effet les contacts avec les nombreux partis qui aujourd’hui ne sont affiliés à aucune structure – au total, on parle d’une centaine d’élus – et dont une grande majorité est nationaliste.

Afin de neutraliser l’influence d’ECR, Valérie Hayer milite pour la mise en place d’un cordon sanitaire à son endroit, qui le priverait de tout poste de responsabilité au sein du Parlement. Identité et Démocratie (ID), un autre groupe d’extrême droite qui accueille notamment le RN, y est, pour sa part, déjà soumis.

Mais cette bataille n’est pas non plus gagnée. Chez Renew ou les S&D, le sujet n’est pas consensuel. Quant au PPE, il y est opposé, alors qu’il souhaite se garder la possibilité de faire des alliances avec ECR, au cas par cas, quand la majorité du centre à laquelle il appartient ne lui donnera pas satisfaction.

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