Antonio Costa, prochain président du Conseil européen : « Il nous faut augmenter nos dépenses pour notre défense »

L’ancien premier ministre portugais Antonio Costa, lors du débat sur « L’Europe et l’avenir : la nouvelle législature », dans les locaux d’Abreu Advogados, à Lisbonne, le 18 juin 2024.

Antonio Costa prendra, dimanche 1er décembre, ses fonctions de président du Conseil européen. L’ancien premier ministre portugais qui, à ce titre, a fréquenté de 2015 à 2024 les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement européens, connaît bien l’institution et ses membres. Depuis septembre, le socialiste se prépare. Il a fait le tour des vingt-sept Etats membres, à l’exception de la Bulgarie et de la Roumanie, en période électorale. Il a aussi rencontré plusieurs fois Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission.

Dans un entretien au Monde, Antonio Costa livre ses premières réflexions. Il souhaite d’abord, en rupture avec son prédécesseur, Charles Michel, changer de méthode de travail, afin de consacrer plus de temps aux débats stratégiques. Il prévoit d’appeler le président américain élu, Donald Trump, très vite après le 1er décembre, et a déjà calé un rendez-vous avec Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Sur la défense, la compétitivité, la migration, le Portugais dresse les grandes lignes de réflexion.

Vous avez rencontré vingt-cinq chefs d’Etat et de gouvernement européens. Quelles sont leurs demandes ?

Ils pensent tous qu’il y a matière à mieux travailler. Ils veulent consacrer plus de temps aux discussions politiques, aux sujets stratégiques, et moins à rédiger les conclusions des conseils européens. Ils aspirent à des sommets moins longs. Ils réclament aussi plus de débats informels sur des sujets spécifiques. D’ailleurs, le 3 février 2025, nous organiserons, en Belgique, une journée de réflexion sur la défense à laquelle participeront les dirigeants européens et seront invités le secrétaire général de l’OTAN [Mark Rutte] et le premier ministre britannique [Keir Starmer].

Comment envisagez-vous la relation avec Ursula von der Leyen, avec laquelle Charles Michel était en guerre ouverte ?

Tout le monde veut une relation fluide entre les institutions. Et je pense que ce n’est pas très difficile. J’ai une excellente relation avec Ursula von der Leyen, je ne vois pas pourquoi cela changerait. On a décidé de se voir une fois toutes les deux semaines et je serais ravi de multiplier ces rencontres s’il le faut.

Quelles seront vos priorités ?

Les dirigeants européens en ont identifié trois : défendre nos valeurs, œuvrer à la prospérité et agir pour la paix.

La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a été la seule, parmi les Vingt-Sept, à s’opposer à votre nomination. Cela laisse-t-il présager des difficultés particulières avec Rome ?

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