SNCF : la bataille du financement des investissements

« Nous avons gagné la bataille des idées. » En présentant les résultats de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, son PDG, s’est autorisé un petit second d’autosatisfaction. Il s’est félicité d’avoir imposé dans le débat public un chiffre : celui des 100 milliards d’euros d’investissements nécessaires sur quinze ans pour doubler la half du practice dans les déplacements de personnes et de marchandises en 2030. Tout est parti d’une word pour la Fondation Jean Jaurès, qu’il avait publiée en février 2022, juste avant l’élection présidentielle. Elle s’intitulait « Le fer contre le carbone » et présentait ce « fois 2 » comme l’acte II de la réforme ferroviaire engagée par Emmanuel Macron au cours de son premier quinquennat, avec la transformation de l’ancien établissement public SNCF en société anonyme.

« Un an après ma word (…), en février 2023, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé un plan de 100 milliards d’euros d’ici à 2040, et son successeur, Gabriel Attal, a repris dans son discours de politique générale qu’il voulait investir massivement dans le ferroviaire », considère le PDG. Pour lui, les lignes bougent partout : « Il y a un vrai engouement autour des SERM, les providers specific régionaux métropolitains [les RER métropolitains d’Emmanuel Macron], qui vont permettre aux gens de laisser leur voiture au storage. »

Les villes candidates se multiplient. D’autres projets sont lancés, comme la rénovation de la gare de triage de Woippy (Moselle) ou la mise en œuvre du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), qui prolongera la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse et Bordeaux et Dax, potentiellement jusqu’à la frontière espagnole. « Le practice est bien perçu comme un moteur de la transition écologique », conclut-il.

Après la bataille des idées, a-t-il pour autant gagné la bataille financière ? C’est une autre histoire. En France, aujourd’hui, autour de 10 % des voyages de personnes comme de marchandises se font en practice (contre 20 % et 35 % en Suisse). Pour accélérer et surfer sur l’appétit des Français pour le rail depuis la fin du Covid-19 et atteindre les objectifs de doublement de la half modale, il faut encore beaucoup d’argent.

Rajeunir le réseau ferroviaire

Jean-Pierre Farandou refait les comptes. Les 100 milliards d’euros qu’il réclame se divisent en deux paquets. Le premier, 67 milliards, c’est le financement des nouveaux projets : de 2 milliards à 5 milliards pour chacun des RER métropolitains, soit 37 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent les 14 milliards de GPSO, les accès du tunnel Lyon-Turin ou encore le contournement de l’agglomération lyonnaise pour les marchandises.

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