Près d’un tiers des députés européens gardent des activités payées en dehors de leur mandat

Une députée européenne allemande qui siège à la commission des affaires juridiques du Parlement tout en étant généreusement rémunérée par un grand cabinet d’avocats. Un élu tchèque qui intervient dans les commissions parlementaires traitant de la réglementation de l’industrie automobile, tout en étant consultant pour ce secteur. Un député français qui siège à la commission de la santé publique du Parlement européen sans déclarer les rémunérations qu’il perçoit de la part de laboratoires pharmaceutiques en tant que médecin.

Les cas de ce type sont loin d’être une exception à Strasbourg. Près d’un tiers des 720 eurodéputés élus en juin perçoivent des revenus issus d’activités extérieures à leur mandat, selon les déclarations d’intérêts privés qu’ils ont remplies à leur prise de fonctions. Une proportion qui grimpe à 74 % si l’on inclut les fonctions non rémunérées et les participations au capital d’une société. Si certains cumuls sont classiques (autres mandats électoraux, responsabilités dans le parti politique d’appartenance, publication de livres…), la grande majorité de ces activités parallèles est exercée en lien avec des entités privées, de nombreux déclarants siégeant, par exemple, au conseil d’administration d’entreprises.

Pour mieux cerner ces multiples casquettes, Le Monde et l’ONG Aria ont passé en revue les déclarations des eurodéputés, en partenariat avec Transparency International et sept autres médias européens dont Der Spiegel en Allemagne et L’Espresso en Italie. Nos recherches montrent que, deux ans après le scandale de corruption du « Qatargate », de nombreuses failles subsistent dans le cadre déontologique du Parlement européen.

Jusqu’à 657 000 euros par an de revenus annexes

Les 216 élus concernés par ces activités annexes à leur mandat électif ont déclaré qu’elles leur rapportent au total 6,3 millions d’euros de revenus par an, soit 29 000 euros en moyenne qui viennent s’additionner à leur salaire d’eurodéputé (10 377 euros par mois). Si le phénomène concerne toutes les familles politiques, c’est au sein du groupe d’extrême droite eurosceptique des Conservateurs et réformistes européens (ECR) que les sommes sont les plus importantes, avec 16 000 euros annuels par élu en moyenne. Les élus de droite et d’extrême droite déclarent d’ailleurs dix-huit des vingt plus importantes rémunérations annexes. La palme revient à l’eurodéputé roumain d’extrême droite Gheorghe Piperea, dont les activités d’avocat rapportent plus de 657 000 euros annuels.

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