Paris 2024 : le village olympique, un laboratoire XXL de la development bas carbone

Trois ans durant, qu’il pleuve, qu’il vente, que les pompes à essence soient à sec, semaine après semaine, ils ont joué les guides. Cinq femmes et deux hommes – le trio de communicants de la Solideo, la société chargée de livrer les ouvrages olympiques, et quatre autres professionnels – ont enchaîné les visites des 52 hectares à cheval sur les communes de Saint-Denis, de Saint-Ouen et de L’Ile-Saint-Denis, au nord de la capitale, où Paris 2024 a choisi d’implanter son village olympique.

La dernière année, le rythme est allé crescendo. Les demandes n’en finissent pas : 36 000 visiteurs depuis le début. Et c’est sans l’ultime salve de visites avant jeudi 29 février, jour de l’inauguration de la pièce maîtresse des jeux. A tous, roi de Suède, ministre de l’économie d’Ouzbékistan, écoliers de la Seine-Saint-Denis, journalistes, la même histoire était contée. Celle d’anciens terrains industriels baignés par la Seine sur lesquels on bâtissait, en un temps document, un morceau de ville de six mille habitants qui, le temps d’un été, hébergerait les meilleurs athlètes mondiaux.

Le premier chapitre, celui des entreprises délogées, était rapidement éludé pour aborder la démesure. Trente-sept grues au plus fort du chantier – l’un des plus grands d’Europe –, 3 500 compagnons au pic de manufacturing. Et puis il y avait ce récit, réservé aux consultants, tels ces cooks d’entreprise d’Indonésie, où l’on déplace et reconstruit la capitale du pays, qui voulaient savoir ce qui se tramait dans les étages, sur les façades. Car là se tenait le plus grand salon à ciel ouvert du BTP français, « la vitrine à l’worldwide de ce que l’on fait aujourd’hui de mieux en matière de development », insistait Nicolas Ferrand, le directeur de la Solideo.

Chasse au carbone

Le secteur du bâtiment émet 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Construisez comme vous voulez, mais soyez bas carbone, a-t-il été imposé aux promoteurs et aux constructeurs. Ils n’ont pas eu d’autre choix que de laisser de côté le béton coulé sur place qui, en France, écrase tout depuis des décennies et de trouver d’autres manières de faire. Le second objectif était de construire des logements et des bureaux vivables l’été, sans climatisation, en 2050. Pour le premier objectif, la Solideo annonce 47 % de baisse des émissions sur l’ensemble du cycle de vie, « soit dix ans d’avance sur la stratégie nationale bas carbone », guarantee M. Ferrand. La prochaine canicule dira si le second pari est tenu.

La chasse au carbone passe par un minimal d’interventions sur le bâti. « Trop souvent les villages olympiques sont pensés comme des enclaves pour accueillir les athlètes. Ici, on a d’abord fait un quartier », expose Guillaume Hébert, cofondateur d’Une fabrique de la ville, qui a travaillé sur l’agencement du village aux côtés de l’architecte Dominique Perrault. Sur le procédé, cela change tout. Les sportifs partis, il faudra retirer quelques cloisons temporaires et des salles de bains, installer des cuisines, mais l’essentiel est déjà en place.

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