Négociations UE-Mercosur : les critiques du Paraguay et les ambitions de l’Uruguay

Le Paraguay est las et ne manque pas de le manifester. Dès septembre 2023, le président du pays, Santiago Peña (droite), assurait qu’après vingt-cinq ans de négociations entre le Mercosur et l’Union Européenne (UE) en vue d’un accord de libre-échange, il était prêt à jeter l’éponge. « Je ne continuerai pas à négocier le semestre prochain », lançait-il, alors que son pays s’apprêtait à s’emparer de la présidence tournante du Mercosur. Selon le chef d’Etat élu en avril 2023, il était temps de « prendre une décision » : « Soit on conclut (…), soit on ne conclut pas. » Asuncion, adepte du libre-échange, assurait porter son regard vers d’autres régions du monde : Singapour, les Emirats arabes unis…

Plus d’un an après, le Paraguay n’a pas quitté la table des négociations. Mais M. Peña continue d’exprimer la même amertume. « Nous souhaitons nous intégrer [économiquement], mais nous ne rencontrons pas la même dynamique en Europe », a-t-il ainsi regretté auprès du quotidien espagnol El Pais, le 18 octobre. D’ailleurs, si le Brésil se dit prêt à signer, le président paraguayen n’est, de son côté, franchement « pas optimiste ».

Ce ne sont pas seulement les délais des négociations qui suscitent l’agacement du Paraguay mais aussi les conditions posées par l’UE. M. Peña trouve « inacceptable » que l’UE « ne reconnaisse pas les institutions de certification sanitaires » de son pays, ce qui relève, selon lui, du « préjugé », se plaint-il auprès d’El Pais.

En 2023, déjà, il fustigeait « certaines restrictions, surtout environnementales », « très dures pour une région du monde qui cherche à se développer ». « On pense que l’intégration est le chemin à prendre, mais pas à n’importe quel prix », résumait encore, au mois de juin, le chef de l’Etat.

Le Mercosur, un « fardeau » pour l’Uruguay

Dans ce pays de 7 millions d’habitants, rongé par la corruption et la pauvreté, sans accès à la mer, les exportations sont très concentrées. Près de 70 % concernent le soja et ses dérivés, la viande bovine et l’électricité, à destination principalement des pays de la région, selon la Banque mondiale. Un rapport du ministère de l’économie et des finances de janvier relève que seules 1,5 % des exportations paraguayennes sont destinées à l’UE.

L’autre « petit pays » du Mercosur, l’Uruguay, fait un pas supplémentaire. Souhaitant développer des accords de libre-échange et constatant l’issue incertaine des négociations avec l’UE, Montevideo cherche à s’émanciper du marché du Sud en négociant de façon bilatérale avec d’autres pays, la Chine, notamment.

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