Comme ils étaient énervés ces visiteurs du Salon venus en bandes de copains, comme chaque année, goûter aux spécialités des régions, humer « la campagne à Paris », « s’encanailler entre hommes » dans ce qui est pour eux un rendez-vous rituel !
Que le pavillon 1, selon eux le plus intéressant, demeure fermé toute la matinée, ce samedi 24 février, pour trigger de « visite présidentielle », leur semblait d’une injustice révoltante. Et ils avaient beau savoir que cette fermeture était temporaire et exceptionnelle, qu’il y avait eu, selon la rumeur, « du grabuge » avant l’ouverture officielle et qu’on attendait que le président procède enfin à l’inauguration, ils enrageaient de perdre du temps.
« C’est pour nous la journée le plus joyeuse de l’année, on paie 16 euros l’entrée, franchement, quel mépris pour le peuple ! », râlait très fort Lucien P., venu du Cantal, qui n’avait pas du tout envie de donner son nom. « Il est hors-sol, de toute façon, approuvait son compagnon de goguette. Il vient voir les ploucs, faire de l’enfumage, et hop ! Il repartira avec ses motards et ses conseillers en costard. Et nous, on sera marron. On peut toujours aller au pavillon des végétaux et cultures, bien sûr. Mais c’était pas le however de notre virée. »
« Le président discute »
C’est vrai, ils étaient nombreux à regretter la fermeture du pavillon des animaux, à s’agglutiner aux grilles, à essayer de contourner et harceler les vigiles pour qu’ils ouvrent les portes. Rien n’y faisait. « Le président discute avec les paysans. » « Le président prolonge le dialogue. » « Le président va visiter les stands. » Et la foule s’impatientait, ironique, goguenarde. « On est donc tous à la merci du président ? »
Bruno, lui, avait payé 80 euros pour faire le voyage en automotive depuis Epinal (Vosges). Il était parti à 4 heures du matin, il rentrerait à 1 heure, et cela valait largement le coup, disait-il. C’était sa troisième visite et il prenait son mal en persistence. Le Salon est pour lui une telle fête ! Il était allé déjeuner d’une entrecôte de 400 grammes d’une tendreté « inégalée », et il attendait que ce « président des villes » veuille bien dégager et laisser la place au « peuple ».
Tout de même, il en prenait du temps ! Vers 14 h 30, enfin, les grilles se sont ouvertes et ce fut la course vers le pavillon tant convoité. Des familles avec beaucoup d’enfants, des jeunes en bandes, des {couples}. Certains avaient vu à la télévision un bout de l’échange entre Macron et les agriculteurs. Et ne savaient pas trop quoi en penser. « C’était plutôt sympa, disait une jeune femme. Au moins, il va au contact, il ne se défile pas ! » Son mari faisait une moue dubitative : « Mouais… »
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