L’Europe s’engage-t-elle dans une guerre commerciale avec la Chine ? Cette question, beaucoup se la posent alors que les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont donné, vendredi 4 octobre, leur accord pour que la Commission européenne puisse mettre en place une surtaxe allant jusqu’à 35,3 % à l’encontre des véhicules électriques fabriqués en Chine. Le 12 juin, l’exécutif communautaire avait annoncé ces droits de douane provisoires ; les Etats pouvaient encore modifier cette décision. Il n’en a rien été.
L’Allemagne, très hostile à toute surtaxe vis-à-vis des produits en provenance de Chine, l’un de ses partenaires commerciaux essentiels, a bien tenté de fédérer d’autres Etats pour bloquer la mesure, mais elle n’a su convaincre que la Hongrie, Malte, la Slovaquie et la Slovénie, une coalition insuffisante. Une dizaine de pays ont voté en faveur de la proposition, dont la France, l’Italie ou les Pays-Bas. Une douzaine d’autres, dont l’Espagne et la Suède, ont préféré s’abstenir, ce qui équivaut à soutenir la mesure.
A partir du 31 octobre au plus tard, et pour cinq ans, les exportateurs de véhicules installés en Chine – qu’ils soient chinois, européens comme Renault ou BMW, ou américain comme Tesla – devront acquitter un droit compensateur à hauteur des aides qu’ils ont reçues en Chine, et ce, en plus des droits de douane, déjà en place, de 10 %. Selon l’enquête de la Commission, ces industriels bénéficient de subventions moyennes équivalentes à près de 21 % de leur chiffre d’affaires.
Les taux des surtaxes ont été ajustés pour les industriels qui ont prouvé, durant l’enquête, qu’ils perçoivent moins de soutiens publics. Ainsi, Tesla a obtenu un taux de 7,8 %, BYD, de 17 %, Geely, de 18,8 %. SAIC, le constructeur de Shanghaï qui commercialise la marque britannique MG en Europe, devra acquitter une surtaxe de 35,3 %. Les autres constructeurs devront payer une surtaxe de 20,7 %.
« Subventions préjudiciables »
Déterminé à interdire la mise en circulation de voitures à moteur thermique d’ici à 2035, Bruxelles entend soutenir la transformation de l’industrie automobile européenne, qui emploie quelque 13 millions de personnes, contre une concurrence chinoise de plus en plus agressive. Entre 2020 et 2024, la part de marché des véhicules fabriqués en Chine, bien plus abordables, est passée de 12 % à près de 25 %. Selon l’organisation non gouvernementale Transport et Environnement, « cette part de marché pourrait diminuer à 20 % en 2025 et à 18 % l’année suivante si les droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine et les normes européennes d’émissions [de polluants] de 2025 étaient appliqués ».
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