« America is back ! » L’Amérique est bel et bien de retour. La vitalité industrielle des Etats-Unis se confirme, notamment comparée à l’Asie et davantage encore à l’Europe, si on s’attarde sur les investissements industriels dans le monde en 2024. Selon le baromètre réalisé par la société Trendeo, avec le concours de l’Institut de la réindustrialisation et du cabinet McKinsey, rendu public dimanche 8 décembre, le continent américain est le vainqueur des douze derniers mois. Ce baromètre recense chaque année depuis 2016 les investissements industriels significatifs – de plus de 30 millions de dollars (28,4 millions d’euros) ou créant plus de 50 emplois – à l’échelle internationale.
En 2024, on observe une baisse importante de 26 % en valeur des investissements globaux – avec 1 120 milliards de dollars cumulés investis contre 1 516 milliards en 2023 – mais avec des disparités régionales. L’Asie et l’Afrique voient ainsi leurs investissements diminuer, l’Europe reste stable, mais les Etats-Unis affichent des résultats à la hausse. Vu cette dynamique, le continent américain est en passe de devancer prochainement l’Asie, avec 36 % des montants d’investissements captés en 2024 (20 % en 2023), contre 41 % pour l’Asie (55 % en 2023).
Les Etats-Unis deviennent la première destination pour les investissements directs à l’étranger, devant l’Union européenne (UE). Un effet concret de l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan d’investissement de 370 milliards de dollars sur dix ans mis en place par l’administration Biden en 2022, pour attirer les entreprises sur le sol américain. Pour la première fois, les investissements étrangers dépassent les investissements domestiques aux Etats-Unis. Et les premiers investisseurs sont les pays européens. « C’est le paradoxe de la situation : la forte relance industrielle américaine est surtout tirée par des investissements européens », explique David Cousquer, le fondateur de Trendeo.
Du côté de l’Asie, l’Inde connaît un boom des investissements (25 % du total mondial en 2024 contre 8 % en 2023). A eux deux, les Etats-Unis et l’Inde représentent plus de la moitié des investissements industriels dans le monde au cours de l’année écoulée. Mais la flambée indienne ne suffit pas, selon le baromètre, à compenser la baisse dans le reste du continent asiatique, et en particulier en Chine. Le reflux chinois s’explique notamment par la crise de la demande interne et par les premiers effets des politiques de protection mises en place par les Etats-Unis et l’UE, mais aussi par un effet palier après des années d’investissements. « Sur la batterie électrique, par exemple, la Chine maîtrise tellement cette technologie, désormais, qu’elle n’a plus forcément besoin d’investir autant que par le passé », explique Matthieu Dussud, directeur associé chez McKinsey.
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