Cent milliards de dollars (94,6 milliards d’euros) pour les pays pauvres. La Banque mondiale est parvenue à maintenir de justesse la dotation de son fonds de l’Association internationale de développement (IDA), le plus important du monde à venir en aide aux 78 pays les plus pauvres de la planète, pour les trois années à venir.
En clôture de la conférence des donateurs qui s’est tenue à Séoul jeudi 5 et vendredi 6 décembre, l’institution a annoncé à avoir récolté 24 milliards de dollars de la part des pays riches, contre 23,5 milliards de dollars en 2021. Une très légère hausse… qui, en réalité, n’en est pas une si on la corrige de l’inflation. La Banque Mondiale compense cette baisse en empruntant davantage sur les marchés, ce qui va lui permettre de débloquer 100 milliards de dollars, en dons et de prêts, contre 93 milliards en 2021.
Pour chaque euro de contribution perçu, l’IDA va donc en verser 4 aux pays pauvres, contre 3,5 auparavant. Même si la liste des contributions de chaque pays ne sera pas publiée avant février 2025, plusieurs d’entre eux, dont la Norvège, la Corée du Sud, le Danemark ou encore le Royaume-Uni, ont annoncé des hausses de leurs donations allant jusqu’à 50 %.
La contribution américaine de 4 milliards de dollars annoncée par le président américain, Joe Biden, – en augmentation de 14 % – doit toutefois être confirmée par un vote du Sénat américain et de la Chambre des représentants.
La France devrait verser 1 170 millions d’euros, un montant en diminution de 20 %, selon le projet de loi de finances de 2025, ce qui la fait passer derrière la Chine. « Malgré cette baisse, la France devrait être le sixième contributeur », précise Bercy.
« Le pire a été évité »
Les pays riches connaissent une situation budgétaire difficile et plusieurs d’entre eux, dont la France, ont annoncé des coupes dans leurs budgets d’aide au développement. « Ce sont surtout les pays en crise politique ou dont la situation budgétaire est compliquée, particulièrement en Europe, qui ont diminué leurs contributions, observe Clemence Landers, chercheuse au think tank américain Center for Global Development, et le combat contre la pauvreté est moins mobilisateur qu’il y a une vingtaine d’années. » La hausse du dollar a aussi effacé les hausses des contributions de certaines nations, à l’instar du Japon, dont la devise s’est dépréciée.
Si l’institution de Washington qualifie cette levée de fonds de « succès historique », Friederike Röder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen, est beaucoup plus mesurée : « Le montant est insuffisant au vu des besoins des pays pauvres mais le pire a été évité. » De fait, ces derniers ne se sont pas remis de la pandémie de Covid-19 qui les a plongés dans une grave crise de la dette.
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