Le premier livre de Jordan Bardella, « Ce que je cherche », sera publié chez Fayard, un an après la prise de contrôle par Bolloré

Difficile de faire plus lapidaire. « La maison Fayard, une des grandes maisons d’édition du groupe Hachette Livre, se réjouit d’annoncer la sortie du premier livre de Jordan Bardella, Ce que je cherche, le samedi 9 novembre en librairie », a écrit Fayard dans un communiqué, mardi 15 octobre. Le président du Rassemblement national (RN) va donc publier son premier ouvrage au sein d’Hachette Livre, détenu par Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré, depuis novembre 2023. Il a donc fallu à peine un an pour que ce type de contrat soit annoncé, comme s’il s’agissait d’un heureux faire-part.

Rien n’a filtré sur le contenu de ce livre, auquel a participé l’éditeur de la maison Nicolas Diat, selon Livre Hebdo, mais il a déjà suscité de violentes polémiques. Sur sa genèse, d’abord. Accusé d’avoir participé à l’écriture de l’autobiographie du président du RN, le journaliste politique Jean-François Achilli avait d’abord été suspendu à titre conservatoire le 14 mars par sa radio, Franceinfo, après la publication d’un article du Monde affirmant qu’il aidait M. Bardella à rédiger ce livre. Après une enquête interne, le journaliste a été licencié dans la foulée par Radio France pour « des manquements répétés » à la déontologie. M. Achilli a contesté ce licenciement en justice, affirmant avoir uniquement été approché, mais ne jamais avoir conclu de contrat en vue de la rédaction de cet ouvrage.

L’emprise du nouvel actionnaire se fait de plus en plus prégnante chez Hachette. Le virage très à droite de Fayard a été consacré avec l’arrivée de Lise Boëll à la tête de Fayard, en juin. Quand elle travaillait chez Albin Michel, jusqu’en 2021, cette éditrice a fait d’Eric Zemmour, l’actuel président de Reconquête !, un essayiste à succès, après avoir d’ailleurs débauché ce dernier chez Fayard. Chez Albin Michel, elle avait aussi donné une puissante visibilité médiatique à Philippe de Villiers, fidèle soutien de M. Zemmour depuis 2021.

La goutte de trop

C’est donc sans surprise que Lise Boëll a prévu de publier le prochain ouvrage de Philippe de Villiers, Mémoricide, le 30 octobre chez Fayard. Elle a également ajouté au catalogue de la maison la journaliste d’extrême droite Sonia Mabrouk, qui a sorti, le 11 septembre, Et si demain tout s’inversait et qui travaille dans de nombreux médias du groupe Vivendi, dont Le Journal du dimanche, Europe 1 et CNews.

Depuis plusieurs années, Fayard subit d’intenses secousses telluriques. En mars 2022, Sophie de Closets, qui dirigeait la maison, a claqué la porte en emportant avec elle une kyrielle d’auteurs chez Flammarion (Madrigall), après les attaques sur sa ligne éditoriale de Nicolas Sarkozy − proche de Vincent Bolloré et administrateur d’Hachette. Isabelle Saporta, nommée pour lui succéder grâce au soutien du même Nicolas Sarkozy, s’est heurtée rapidement aux exigences du groupe Vivendi. Elle a été congédiée pour avoir refusé de partager le pouvoir au sein de Fayard avec Lise Boëll, imposée sans état d’âme par le nouvel actionnaire. Alors même que cette dernière avait fait l’objet de deux audits accablants sur son management quand elle codirigeait Plon (Editis).

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