L’Union européenne (UE) est aujourd’hui confrontée à « un défi existentiel » ; si elle ne change pas, elle sera condamnée à « une lente agonie ». Mario Draghi, l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), s’est montré très alarmiste, lundi 9 septembre, alors qu’il rendait public le rapport sur la compétitivité que la Commission européenne lui avait commandé il y a un an. Quelques jours plus tôt, le 4 septembre, devant les présidents des groupes politiques du Parlement européen, l’ancien premier ministre italien avait même confié faire des « cauchemars » quand il imagine ce qui attend les Vingt-sept si rien n’est fait.
Les faits sont là : l’économie européenne a décroché par rapport aux Etats Unis, tandis que la Chine la rattrape inexorablement. « Le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu’en Europe depuis 2000 », illustre Mario Draghi. Et, selon lui, en l’état actuel des choses, il n’y a aucune raison que cette dégringolade s’interrompe.
Certes, le vieillissement de la population – d’ici à 2040, la population devrait perdre deux millions d’actifs par an – permet d’en masquer partiellement les effets. « On est de moins en moins à se partager un gâteau de plus en plus petit, on ne voit pas où est le drame », résume M. Draghi. Si ce n’est que les défis auxquels l’Union est confrontée pour décarboner son économie, prendre le tournant de l’intelligence artificielle ou réduire les dépendances dans un contexte géopolitique de plus en plus instable l’oblige à agir rapidement.
Sans quoi, il ne restera plus assez de « gâteau » aux Européens pour faire vivre leur modèle. « Si l’Europe ne parvient pas à devenir plus productive, nous serons contraints de faire des choix. Nous ne pourrons pas devenir à la fois un leader des nouvelles technologies, un modèle de responsabilité climatique et un acteur indépendant sur la scène mondiale. Nous ne pourrons pas financer notre modèle social. Nous devrons revoir à la baisse certaines, voire toutes nos ambitions », estime Mario Draghi.
Des « besoins d’investissements énormes »
Telle est la thèse avancée par l’économiste italien qui, tout au long des 400 pages de son rapport, décortique les raisons du décrochage européen et expose ses 170 propositions pour changer la donne. Il est impératif, juge-t-il, que les Européens se dotent d’une main-d’œuvre qualifiée, qu’ils misent sur la recherche, qu’ils achèvent la construction d’un marché intérieur qui reste inaboutie, qu’ils fassent baisser la facture d’électricité des citoyens comme des entreprises (deux à trois fois plus élevée qu’aux États-Unis) ou qu’ils s’attaquent sérieusement à la débureaucratisation de son économie.
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