Ce n’est une shock pour personne. Mais la nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Parce qu’elle dessine une passerelle inédite entre la haute fonction publique européenne et l’extrême droite. A quatre mois du renouvellement du Parlement, l’ancien directeur de Frontex, l’agence européenne de gardes-côtes et de gardes-frontières, a officialisé sa candidature comme numéro trois de la liste européenne du Rassemblement nationwide (RN). « C’est la réponse utile pour remettre la France et l’Europe sur la bonne voie », a déclaré Fabrice Leggeri, interrogé sur sa démarche lors de son premier déplacement, lundi 19 février, dans les Alpes-Maritimes, aux côtés du président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella. Un déplacement categorical dans une caserne de CRS, à Saint-Laurent-du-Var, puis à la frontière italienne, à Menton.
Prise de guerre majeure pour le RN, celui qui a été directeur général de Frontex entre novembre 2014 et avril 2022 fomentait depuis longtemps son rebond tout autant que sa revanche politique après avoir été poussé à la démission. Dès les jours qui ont suivi son départ de l’agence basée à Varsovie, M. Leggeri était vu au Parlement européen à Strasbourg, avec des élus Les Républicains (LR) et RN. Officiellement, il avait regagné son administration d’origine, le ministère de l’intérieur, comme « chargé de mission ». Mais « il était compliqué à employer, explique un cadre de la place Beauvau. Compte tenu de ce qu’on lui reprochait, il n’était pas envisageable de lui donner des fonctions trop exposées ».
En janvier, M. Leggeri a finalement sollicité une disponibilité, « officiellement pour créer sa société de conseil ». Sur le réseau social LinkedIn, il se dit encore « disponible pour faire la différence et proposer [ses] bons résultats en tant que gestionnaire de changement à grande échelle ».
Mais Fabrice Leggeri, 55 ans, ne fait pas mystère des rancœurs qui le travaillent. « Parce que j’ai voulu protéger l’Europe de la submersion migratoire, pendant plus de deux ans, j’ai subi les pressions de la Commission européenne et des ONG », dit-il dans une vidéo mise en ligne par le RN pour annoncer sa candidature. « Je peux témoigner que les outils comme Frontex (…) ont été dévoyés par la Commission pour devenir une espèce de tremendous ONG », a-t-il encore déclaré lundi à la presse.
« Il avait une aversion pour les droits fondamentaux, mais prétendre que Frontex organise l’immigration comme il le fait relève de la désinformation », réagit l’eurodéputée néerlandaise de la gauche écologiste, Tineke Strik.
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