En Pologne, un nationaliste et un progressiste s’opposeront lors de la présidentielle

Le duel peut enfin commencer, dans une Pologne polarisée à la veille d’une élection présidentielle décisive. Au lendemain de la nomination par le camp au pouvoir de son poulain, voilà que le parti Droit et justice (PiS) a mis fin à ses atermoiements, le 24 novembre, pour annoncer celui qui lui ferait face. Le conservateur Karol Nawrocki affrontera, en mai 2025, le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, sorti vainqueur des primaires tenues au sein de la Coalition civique (KO), une formation qui inclut notamment la Plateforme civique (PO), le parti du premier ministre, Donald Tusk.

Comme il y a dix ans avec Andrzej Duda, les nationaux conservateurs du PiS ont misé sur un candidat « citoyen », non affilié au parti national conservateur pour maintenir la présidence polonaise dans le giron du PiS.

La formation ultraconservatrice, reléguée dans l’opposition depuis qu’une large coalition rassemblée autour de Donald Tusk a remporté le scrutin législatif, en octobre 2023, continue néanmoins de peser sur le jeu politique par l’entremise du chef de l’Etat, Andrzej Duda. Ce juriste proche du PiS, réélu pour un second et dernier mandat en 2020, n’hésite pas à utiliser son droit de veto et son pouvoir de nomination pour bloquer les aspirations d’un gouvernement pro-européen avec lequel il cohabitera jusqu’au 6 août 2025.

Un candidat historien

Jaroslaw Kaczynski, le dirigeant du PiS, a choisi, comme en 2014, un représentant qui n’est pas une personnalité politique de premier plan. Karol Nawrocki est un historien, qui s’est surtout illustré en 2017 pour avoir revu l’exposition du Musée de la seconde guerre mondiale de Gdansk pour la rendre plus patriotique, exauçant là une demande du PiS.

Ce quadragénaire proche des milieux nationalistes a quitté la direction du musée en 2021, pour rejoindre celle de l’Institut de la mémoire nationale (IPN). L’institution, qui enquête sur les crimes commis par les nazis comme par les communistes, est devenue le fer de lance de la politique mémorielle du PiS au pouvoir, magnifiant volontiers l’héroïsme des Polonais et leur attitude envers la population juive durant l’occupation nazie.

Si un sondage, publié le 22 novembre par le centre CBOS, donne Rafal Trzaskowski gagnant au deuxième tour du scrutin face à Karol Nawrocki, à 50 % contre 24 %, le PiS est « loin d’avoir perdu d’avance », avertit la politologue Renata Mienkowska-Norkiene, pour qui Karol Nawrocki constitue « la meilleure solution que le PiS ait pu trouver ». Et la professeure à l’Université de Varsovie d’insister : « Si Rafal Trzaskowski, ne se démène pas pour remporter l’élection, il risque bien de la perdre. »

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