En Grèce, le lent réveil de Thessalonique après la crise : « Enfin, notre calvaire est bientôt fini »

Le ciel de plomb et la pluie fine n’ont pas dissuadé, en ce mois de novembre, Ilias Alanidis, un retraité du centre de Thessalonique, de venir observer les avancées des travaux du métro tant attendu dans cette métropole du nord de la Grèce. « Enfin, notre calvaire est bientôt fini. Nous allons avoir la chance de pouvoir nous passer de la voiture. Notre vie va changer ! », s’extasie le sexagénaire, qui vit depuis 1985 dans cette ville de plus de 1 million d’habitants. Incrédule, un passant alpague, devant la station de métro Agia Sofia, un contremaître qui sort de sous terre, un casque bleu sur la tête : « Est-ce que vous serez vraiment prêts pour l’inauguration le 30 novembre ? »

Sur la rue Egnatia, les commerçants ont subi pendant une quinzaine d’années les sons des marteaux-piqueurs et les échafaudages sur les trottoirs. Les loyers, en perspective de ce nouveau métro, n’ont cessé d’augmenter ces dernières années, alors que les clients, agacés par le tumulte des travaux, ont déserté l’artère. Résultat : des dizaines de boutiques ont fermé. « J’ai survécu, je ne peux que me réjouir de l’inauguration du métro. Mais combien de collègues ont fait faillite entre-temps ? La municipalité aurait dû nous aider », soupire Giorgos Karageorgios, le propriétaire d’un magasin de chaussures.

Embouteillages incessants, manque de places de parking, insuffisance des bus et des voies cyclables : le centre est devenu chaotique. Le métro sera, pour beaucoup de citadins, une étape pour rendre la ville plus agréable. La première portion du métro sans conducteur doit desservir en dix-sept minutes 13 stations réparties sur 9,8 kilomètres. Par ailleurs, un nouveau périphérique est en construction pour tenter de faire diminuer le trafic dans le centre-ville.

« Actuellement, en voiture, à cause des embouteillages et des travaux sur le périphérique, nous mettons jusqu’à une heure et demie pour traverser [la ville] d’est en ouest. Alors, évidemment, de nouveaux transports en commun sont nécessaires », constate Spyros Pegkas, conseiller municipal. Avec la mise en fonctionnement du métro, le gouvernement grec estime qu’environ 57 000 véhicules de moins circuleront, et que les émissions de gaz à effet de serre seront diminuées de 212 tonnes par jour (correspondant à l’émission quotidienne d’environ 12 000 personnes).

L’idée d’un métro a émergé dès la fin des années 1980, et le premier appel d’offres remonte à 1992. « Nous attendons ce métro depuis près de quarante ans. C’est difficile de sauter de joie, mais la ville entre enfin dans une nouvelle ère. C’est l’occasion ou jamais de la rendre plus attractive », souligne, lucide, le maire de Thessalonique, Stelios Angeloudis.

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