LETTRE D’ATHÈNES
« Les villages qui meurent sont ceux dans lesquels les écoles ferment. Mais ici, à Fourna, nous avons agi avant que cela arrive », s’est réjoui en septembre dans les médias grecs Panagiota Diamanti, une enseignante de 30 ans. La jeune femme a réussi à convaincre une famille de six enfants de s’installer dans son petit village montagneux de Fourna, situé à quatre heures de voiture d’Athènes, et à éviter le pire.
L’école primaire dans laquelle elle enseigne n’avait, en 2023, que trois élèves. Avec le départ de deux enfants pour le collège situé dans un village voisin, elle craignait que l’établissement ne ferme définitivement à la rentrée de septembre 2024, comme cela a été le cas pour près de 200 écoles à travers la Grèce.
Panagiota Diamanti n’a pas choisi par hasard de s’installer à Fourna. Son père est originaire de ce village et, pour elle, qui enseignait jusqu’alors en ville, se retrouver face à si peu d’enfants, qui plus est n’ayant pas le même accès à la culture ou aux activités extra-scolaires que leurs condisciples des grandes villes, constituait un défi pédagogique.
En août, avec le soutien du pope orthodoxe de cette commune de moins de 200 habitants, l’institutrice publie donc sur le réseau social Facebook une annonce invitant des familles à s’installer à Fourna. Elle explique que la municipalité et l’Eglise sont prêtes à offrir une maison à ces nouveaux habitants et une aide financière durant les premiers mois de leur installation, le temps qu’ils trouvent du travail. En une semaine seulement, Panagiota Diamanti a reçu près de mille appels, le message sur Facebook a été partagé plus de 10 000 fois et près de cent personnes ont posé leur candidature, rapporte le site Internet local Tachydromos. L’histoire a fait le tour de la presse grecque.
Panagiota Diamanti et le pope de Fourna ont épluché les candidatures et interviewé les candidats avant de se décider à accueillir la famille Emmanouil, composée de six enfants, dont les âges oscillent entre 18 mois et 14 ans. Les Emmanouil ont vécu un temps en Allemagne, où ils avaient tenté leur chance comme de nombreux Grecs durant la crise de la dette publique qui a touché le pays à partir de 2009.
Grave crise démographique
Revenus à Athènes, ils faisaient face à de graves difficultés financières et se sont laissés tenter par l’expérience d’une vie dans un petit village de montagne dans la région d’Eurytanie. Mme Emmanouil est coiffeuse et espère pouvoir continuer son métier dans un salon des environs, tandis que son mari réfléchit à devenir garde forestier. En dix ans à peine, la population d’Eurytanie a diminué de 13 %.
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