La contre-attaque n’a pas tardé dans la guerre commerciale qui oppose l’Union européenne (UE) à la Chine. Cinq jours après la décision de Bruxelles de surtaxer les véhicules électriques chinois jusqu’à 35 %, Pékin a annoncé, mardi 8 octobre, que les importateurs de brandy européen devront déposer une caution auprès des douanes à partir de vendredi. Une mesure pénalisant surtout le cognac, qui représente 95 % des brandys.
« A partir du 11 octobre, prévient le ministère du commerce, les importateurs devront, au moment d’importer des brandys de l’UE, fournir le dépôt correspondant aux douanes de la République populaire de Chine. » Cette somme sera débitée rétroactivement si Pékin décide de frapper réellement ces spiritueux, alors qu’il estime l’industrie nationale du brandy « menacée de dommages substantiels » par ses concurrents européens.
La ministre déléguée chargée du commerce extérieur, Sophie Primas, a déclaré que la France, comme l’UE, va contester ces « mesures incompréhensibles » devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), même si celle-ci peine depuis des années à régler les contentieux. En mai, lors de la visite d’Etat du président Xi Jinping, son homologue français, Emmanuel Macron, s’était félicité que la Chine n’impose pas de taxes « provisoires » contre les spiritueux et lui avait offert, entre autres cadeaux, des bouteilles de cognac.
« Notifications d’intentions de taxes »
La menace était en effet pendante depuis janvier. Pékin avait alors lancé une enquête sur les eaux-de-vie à base de vin en provenance de l’UE, une riposte à celle de Bruxelles sur les subventions de l’Etat chinois aux voitures électriques, mais aussi à d’autres secteurs comme l’énergie solaire photovoltaïque et surtout les éoliennes, un secteur où les fabricants chinois menacent les grands industriels allemands, espagnols ou danois.
A la mi-septembre, près d’un millier de viticulteurs, rejoints par des négociants de cognac, avaient défilé dans la cité charentaise jusqu’à la sous-préfecture pour alerter le gouvernement de l’« urgence » de la menace. En août, la Chine avait affirmé avoir des preuves d’un dumping européen. Et les maisons de négoce avaient ensuite reçu des « notifications d’intentions de taxes » qui pourraient être d’environ 35 % en moyenne, précisait Florent Morillon, président du Bureau national français interprofessionnel du cognac.
Malgré la ferme opposition de Berlin, les pays membres de l’UE ont voté, vendredi 4 octobre, l’imposition de droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine. Une mesure qui doit entrer en vigueur fin octobre, alors que Bruxelles avait aussi mis en place un mécanisme de caution de garantie pour les constructeurs chinois. La profession viticole estimait alors qu’elle avait été « sacrifiée » par le gouvernement et l’UE.
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