Cette fois, la course aura été brève. C’est Friedrich Merz qui représentera le parti conservateur des chrétiens-démocrates allemands lors des élections législatives fédérales de l’automne 2025. A 68 ans, l’éternel rival d’Angela Merkel, physique austère et visage en lame de couteau, a enfin les coudées franches pour briguer la chancellerie au nom du parti conservateur, donné aujourd’hui favori dans les sondages.
Les deux autres prétendants se sont en effet rapidement retirés pour laisser la place à celui qui avait pris, début 2022, la double présidence de la CDU au niveau fédéral, et du groupe parlementaire conservateur au Bundestag. Le jeune dirigeant de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Hendrik Wüst, âgé de 49 ans, avait annoncé, lundi 16 septembre, renoncer à concourir. Et surtout Marcus Söder, à la tête du puissant Land de Bavière, plus populaire que M. Merz mais moins consensuel au sein du parti, qui a officialisé son soutien lors d’une conférence de presse commune à Berlin mardi 17 septembre.
Attendue après le scrutin régional dans le Brandebourg dimanche 22 septembre, l’annonce de la nomination de M. Merz a été avancée afin d’éviter les luttes intestines qui, en 2021, avaient pénalisé le candidat Armin Laschet. Les conservateurs tenaient à présenter une organisation en ordre de marche pour affronter le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, s’il se représente, lors des élections de l’automne 2025.
Le « candidat idéal »
C’est, de fait, un parti soudé par la défaite de 2021, et uni derrière son candidat qui va se lancer en campagne. Depuis deux ans et demi, « Friedrich Merz a façonné le parti en faisant évoluer son socle idéologique, estime Uwe Jun, professeur de science politique à l’université de Trèves (Rhénanie-Palatinat). La CDU est plus conservatrice qu’à l’époque de Merkel sur le plan sociétal, notamment sur les questions d’immigration et de genre, et plus libérale sur le plan économique. Friedrich Merz est donc le candidat idéal pour mener ce programme qui ressemble davantage à ce qu’était la CDU avant Merkel ».
Rompre avec l’héritage d’Angela Merkel était l’un des objectifs de Friedrich Merz depuis sa reprise en main du parti en 2022. A la fois pour des raisons idéologiques – une partie des conservateurs ont reproché à la chancelière d’avoir mené une politique trop proche de celle des sociodémocrates, et sa décision d’ouvrir le pays aux réfugiés lors de la guerre en Syrie demeure très controversée dans le pays. Et sans doute aussi en partie pour des raisons personnelles, Angela Merkel ayant systématiquement écarté M. Merz du pouvoir depuis 2002.
Il vous reste 49.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.