Le gouvernement demande un « bilan exhaustif » des aides publiques que le groupe pharmaceutique Sanofi a reçues ces dix dernières années, a annoncé mardi 15 octobre le ministre de l’économie, Antoine Armand.
Lors d’une séance de questions au gouvernement, le ministre a été interpellé par plusieurs députés sur la vente pressentie de sa filiale de santé grand public Opella – qui commercialise le Doliprane – par Sanofi au fonds d’investissement américain CD&R. M. Armand s’est voulu rassurant : « Oui, nous soutenons les entreprises, oui, nous soutenons l’emploi et l’industrie, mais cela ne peut pas se faire n’importe comment et à n’importe quelles conditions », a-t-il dit.
M. Armand, qui s’est rendu lundi sur le site de production du Doliprane, à Lisieux (Calvados), a énuméré à nouveau les « engagements très précis » discutés avec les parties prenantes de la transaction en matière de maintien de l’emploi, de l’empreinte industrielle, de la localisation du siège et de la recherche et développement. « Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une prise de participation » publique « pour que ces engagements soient tenus », a-t-il répété, évoquant aussi une « possible présence de l’Etat au conseil d’administration » d’Opella. Par ailleurs, « l’ensemble de la procédure de contrôle des investissements étrangers » en France sera mobilisé si la vente devait être confirmée, a-t-il insisté.
Enjeux de souveraineté sanitaire et d’emplois
Cette possible cession soulève de fortes préoccupations au sein de l’opinion publique et de la classe politique pour des enjeux de souveraineté sanitaire et d’emplois. Lundi, le président de la république, Emmanuel Macron, avait déclaré : « On s’est battu pour que le Doliprane soit reproduit en France et qu’on reproduise des molécules et des médicaments qui sont indispensables ». « Et ensuite il y a la propriété capitalistique. Et, là, le gouvernement a les instruments pour garantir que la France soit protégée », avait-il assuré.
Les syndicats ont prévu pour jeudi un rassemblement sur le site de l’usine de Compiègne (Oise) entre 13 heures et 15 heures, avec la venue de personnalités politiques, dont le député (Nouveau Front populaire) François Ruffin et le président (Les Républicains) des Hauts-de-France Xavier Bertrand, selon le délégué syndical central CFDT d’Opella, Adil Bensetra.
La vigilance reste de mise, car l’approvisionnement en paracétamol a récemment connu des périodes de tensions. Sanofi martèle que ce projet de scission permettrait « la création d’un nouveau champion mondial, le seul basé en France, dans le secteur de la santé grand public ».
Opella emploie 1 700 salariés en France. Le Doliprane est sa deuxième marque en matière de revenus. La France ne représente qu’environ 10 % des ventes de cette entité, qui a réalisé 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023.