Le président français, Emmanuel Macron, a relancé son souhait d’un renforcement de l’autonomie stratégique du continent européen après l’élection de Donald Trump à l’occasion d’une prise de parole à la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), organisée à Budapest, en Hongrie, jeudi 7 novembre.
La CPE, dont la liste des membres est plus large que celle de l’Union européenne, a été créée à l’initiative de M. Macron en mai 2022, quelques mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie.
« C’est un moment de l’histoire, pour nous, Européens, qui est décisif. Au fond, la question qui nous est posée, voulons-nous lire l’histoire écrite par d’autres, les guerres lancées par Vladimir Poutine, les élections américaines, les choix faits par les Chinois en termes technologiques ou commerciaux ? Ou est ce qu’on veut écrire l’histoire ? Et moi, je pense qu’on a une force pour l’écrire », a déclaré le président français.
Très offensif, Emmanuel Macron a rappelé avoir félicité la veille le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, « qu’on est quelques-uns autour de cette table à avoir connu, il y a quatre ans de cela, dans ses précédentes fonctions ». « Je trouve que notre rôle ici, au sein de l’Union européenne, ce n’est pas de commenter l’élection de Donald Trump, savoir si cela est bon ou pas bon. Il a été élu par le peuple américain, et il va défendre les intérêts des Américains. C’est légitime et c’est une bonne chose. La question c’est : “Est-ce que nous, on est prêt à défendre l’intérêt des Européens ?” Je pense que c’est notre priorité », a notamment déclaré le chef de l’Etat.
Herbivores et carnivores
« Cela ne doit être ni dans un transatlantisme qui serait naïf, ni dans la remise en cause de nos alliances, ni dans un nationalisme étriqué qui ne nous permettrait pas de relever ce défi face à la Chine et aux Etats-Unis d’Amérique », a-t-il poursuivi. « C’est un moment de l’histoire pour nous, les Européens, qui est décisif. »
Assis à côté de Mark Rutte, ancien premier ministre néerlandais qui est désormais secrétaire général de l’OTAN, le président français a demandé une accélération du développement de l’Europe de la défense, compatible avec le cadre de l’Alliance atlantique mais aussi autonome de celui-ci. « Il y a eu un réveil stratégique que nous devons assumer : nous, Européens, n’avons pas à déléguer pour l’éternité notre sécurité aux Américains », a dit à ce sujet M. Macron.
« Pour moi, c’est simple, le monde est fait d’herbivores et de carnivores. Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront et nous serons un marché pour eux », a encore ajouté le président français en filant cette métaphore pour exhorter les Européens à être « au moins » des « omnivores ». « Je ne veux pas être agressif, je veux juste qu’on sache se défendre sur chacun de ces sujets. Mais je n’ai pas envie de laisser l’Europe comme un formidable théâtre habité par des herbivores, que des carnivores, selon leur agenda, viendront dévorer », a-t-il assuré.