Défense : l’industrie des armes proceed de prospérer sur les crises

Où qu’on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d’armement ne s’en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. En 2023, le chiffre d’affaires des 100 premiers groupes de défense a progressé de 4,2 % en termes réels pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d’euros), dont une partie, difficile à comptabiliser, pour la modernisation des forces nucléaires, révèle l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), dans un rapport publié, lundi 2 décembre. Tout indique que la tendance de + 19 % depuis 2015 se poursuivra.

A elles seules, 41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l’activité (317 milliards de dollars). Cinq d’entre elles caracolent en tête du classement avec un total de 194 milliards de dollars : Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. Leur dépendance à de nombreux fournisseurs les rend néanmoins « vulnérables » aux ruptures des chaînes d’approvisionnement, explique Nan Tian, directeur du programme sur les dépenses militaires et la production d’armes de Sipri. Cela explique le léger recul d’activité des deux premiers (− 1,6 % et − 1,3 %), notamment sur les segments des missiles et de l’aéronautique.

Les 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit une quasi stagnation de + 0,2 %. Avec deux poids lourds : le Royaume-Uni (47,7 milliards), tiré par BAE Systems, sixième producteur mondial ; et la France (25,5 milliards) avec ses cinq entreprises (le commissariat à l’énergie atomique, Dassault Aviation, Naval Group, Safran, Thales). Le recul des Tricolores de 8,5 % par rapport à 2022 tient au fait que cette année-là avait été dopée par la commande de 92 Rafale. Suivent l’Italie (15,2 milliards) et l’Allemagne (10,5 milliards) en pleine relance avec les canons, les chars Leopard 2 et les munitions de Rheinmetall. Quant aux « transeuropéens » Airbus, MBDA (missilier) et KNDS (canons, blindés), ils ont produit pour 21 milliards de dollars (- 1,5 %).

Ces pays européens ne sont pas en « économie de guerre », comme la Russie. Même si ses statistiques sont parcellaires et peu fiables, la modernisation de l’arsenal ancien, les nouveaux équipements et les munitions, auxquels s’ajoute la solde des soldats, absorbent 40 % du budget russe. L’activité des deux entreprises recensées par le Sipri a explosé (+ 40 %), pour l’essentiel due au conglomérat public Rostec (+ 39 %), et atteint 25,5 milliards de dollars.

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