Colère des agriculteurs : Annie Genevard, une ministre en première ligne

« Elles sont très bonnes ces endives. Je vous les recommande. » Jeudi 21 novembre, Annie Genevard n’a pas attendu la dégustation prévue à la fin de la visite pour vanter les mérites gustatifs de la « perle du Nord ». Chaussée de bottes noires, la ministre de l’agriculture (Les Républicains, LR) arpente une vaste exploitation d’endives située à La Couture, une petite commune du Pas-de-Calais. Pour son premier déplacement depuis le début de la mobilisation nationale des agriculteurs, lundi, la ministre a préféré l’accueil (très cadré) des gens du Nord à « l’invitation » des « bonnets jaunes » de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR47).

Pas question de donner la priorité à ceux « qui bloquent ou dégradent », précise son entourage. Figure historique de la CR47, Serge Bousquet-Cassagne annonçait vouloir « provoquer un chaos et une pénurie alimentaire » pour se faire entendre. « Exprimer ses inquiétudes, revendiquer des avancées dans certains domaines est légitime, mais bloquer le pays, ce n’est pas acceptable », avait prévenu Annie Genevard, mercredi sur France 2.

Peu connue du grand public, l’ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale avait l’occasion de s’offrir son « moment Gabriel Attal », en allant au contact des manifestants sur un barrage, de nuit, comme l’ancien premier ministre avait pu le faire, en janvier. Mais la confrontation et les images-chocs n’ont jamais été la marque de fabrique de cette figure de la droite, présidente par intérim de LR en 2022. Depuis son arrivée à l’hôtel de Villeroy, l’ancienne députée du Doubs (2012-2024) suit le cahier des charges fixé par le premier ministre, Michel Barnier. « Elle n’est pas dans l’esbroufe, comme l’a souhaité le premier ministre, elle est entièrement dédiée à ses dossiers », affirme son cabinet. Et ils ne manquent pas. A 68 ans, Mme Genevard vit un baptême du feu ministériel agité.

« Le dialogue est permanent »

Dans les campagnes, la colère du début de l’année gronde de nouveau, appuyée par la crainte d’une prochaine entrée en vigueur du Mercosur, cet accord de libre-échange entre l’Union européenne et cinq pays d’Amérique du Sud. « Elle occupe un des postes les plus difficiles de la République, surtout dans cette période », observe Antoine Vermorel-Marques, député (LR) de la Loire. Si le Mercosur ne concerne pas toutes les filières, comme celle des endives, il sert de carburant à la colère du monde agricole, encore plus en période de campagne électorale.

Il vous reste 62.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.