Il y a exactement cinq ans, nous étions sur le point de vivre un moment inédit : un confinement massif, simultanément, dans le monde entier. En l’espace de quelques jours, un virus inconnu allait provoquer une onde de choc économique. Des déplacements réduits presque à néant, des entreprises et usines au ralenti, des boutiques portes closes, des rues vides. La croissance s’est effondrée en quelques jours et, malgré une rapide reprise au deuxième semestre, elle est restée négative dans de nombreux pays pour l’année 2020 : − 7,5 % en France, − 4 % en Allemagne, − 2 % aux Etats-Unis et plus de 10 % de contraction au Royaume-Uni.
En même temps, comme une sorte de consolation, les émissions de CO2 ont fortement diminué. En avril 2020, au pic du confinement, les émissions liées au transport aérien étaient de 75 % inférieures à celles d’avant confinement, celles du transport terrestre réduites de moitié et celles des usines en baisse de 15 %. De même, nombre de salariés ont expérimenté un télétravail qui peinait jusque-là à s’imposer, amorçant ainsi une nouvelle façon de travailler.
Face à ces bouleversements, nous avons rêvé d’un « monde d’après », un monde qui tirerait les leçons de cette pandémie en réduisant les déplacements « non essentiels », en offrant la possibilité de travailler autrement ou en accélérant la lutte contre le changement climatique. Nous imaginions une société plus douce, plus respectueuse de la nature et des êtres humains, où les priorités individuelles laisseraient enfin place à un intérêt général fondé sur la solidarité, le respect de l’environnement et un modèle économique plus résilient.
La société moderne est fragile
Cinq ans plus tard, désillusion : force est de constater que ce bref élan de résistance au « monde d’avant » s’est éteint. Où est passée cette aspiration commune à transformer nos sociétés ? Où est Greta Thunberg, symbole de la lutte environnementale et de l’engagement de la jeunesse, dont le visage inondait alors les médias ? A la faveur d’une actualité saturée par les conflits, notamment la guerre en Ukraine, l’inflation, la guerre commerciale et les joutes politiques, tout semble s’être dilué.
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