Christophe Piquet, agriculteur dans le Gard : « On n’arrive pas à vivre de notre boulot »

Ce vendredi de novembre, en début d’après-midi, Christophe Piquet part en tracteur sur les routes du Gard. Il va livrer du foin dans un centre équestre situé à une dizaine de kilomètres. Agé de 46 ans, ce viticulteur coopérateur et éleveur à Bezouce (Gard), une commune de la périphérie de Nîmes, propose ce genre de services pour arrondir ses fins de mois.

Le Gardois, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’agriculteur, a bénéficié des terres familiales au moment de son installation. Il est à la tête de 160 hectares menés en agriculture biologique, une quarantaine en propriété, le reste en location. « Le foncier est devenu inaccessible. Il est quasiment impossible d’acheter des terres », explique ce père de trois enfants, divorcé, qui se dit prêt à reprendre la mobilisation.

Dans le département du Gard, la colère des agriculteurs monte depuis plusieurs semaines. Des panneaux de communes ont d’abord été bâchés, avant d’arriver sur les grilles de la préfecture… Autant d’actions visant à prévenir d’un nouveau mouvement de plus grande ampleur. « A partir de lundi [18 novembre], on va allumer des feux de détresse », lâche David Sève, le patron de la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) dans le Gard, qui poursuit : « Nous n’avons pas été entendus sur des sujets essentiels comme les primes à l’arrachage des vignes qui doivent être défiscalisées, les contraintes qui pèsent sur les produits phytosanitaires sans produits de substitution, le Mercosur, ou le soutien aux agriculteurs en grande difficulté et les spécificités de notre agriculture gardoise. »

« C’est l’Etat qui est visé »

Christophe Piquet, adhérent à la FDSEA, a prévu de participer au mouvement : « C’est l’Etat qui est visé. On ne va pas bloquer la circulation ni pénaliser la population, mais on veut se faire entendre. » Et il ajoute aussitôt, presque découragé : « Je n’imaginais pas qu’il faudrait repartir si vite dans l’action. »

Ici dans le Gard, la crise des agriculteurs, qui avaient totalement bloqué l’autoroute A9, avait duré dix jours. Un mouvement inédit dans ce département. Des aides d’urgence ont été versées suite à la mobilisation (8,53 millions d’euros pour 982 exploitations) mais le monde agricole gardois estime que les autres promesses n’ont pas été tenues. « Les mesures de simplification n’ont pas vu le jour. En bio, nous n’avons rien obtenu. Beaucoup de personnes sont désespérées et ne croient plus au mouvement. J’ai un copain qui a vendu ses terres et abandonné son métier », témoigne M. Piquet.

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