A Toulouse, les étudiants questionnent l’avenir de l’agriculture

Un amphithéâtre bondé, et des questions qui fusent. Dans l’amphi d’Agro Toulouse, sur le site de l’Institut national polytechnique à Auzeville (Haute-Garonne), ils sont étudiants en lycée agricole, en BTS ou en école d’ingénieur. Face à eux, Jérôme Bayle, leader haut-garonnais de la fronde agricole du début d’année 2024, Christophe Rieunau, de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Tarn, et Christelle Record, éleveuse de veaux en Ariège.

Elodie (qui n’a pas donné son nom, comme les autres étudiants), en première année d’ingénieur, fille d’agriculteur du Béarn, se questionne sur « l’avenir de la PAC [politique agricole commune] et l’harmonisation des normes en Europe et en France ». Lou, 21 ans, s’inquiète, lui, de la « santé psychologique des paysans » : « Ma mère est en difficulté, elle est très fragile. » Coline, en cinquième année à l’Ecole d’ingénieurs de Purpan, aimerait connaître « l’impact des luttes actuelles sur le grand public, les citoyens ou les élus ». Face à eux, Jérôme Bayle rappelle que c’est la maladie hémorragique épizootique, qui touche les bovins, qui a tout déclenché le 18 janvier 2024, avec les taxes sur le gazole.

Après avoir expliqué leur quotidien, leurs difficultés, leur « ras-le-bol actuel » aussi, les trois éleveurs, également militants, ont répondu pendant près de deux heures aux questions.

Très écoutés, un peu bousculés

« En février, j’avais mis ma ferme en jeu, donc on n’a rien dégradé, pour sortir fiers et dignes », a pour sa part rappelé Jérôme Bayle. Fils d’agriculteur, son père s’est donné la mort en 2015. Pour l’éleveur du Tarn, dans ce métier, « on est souvent seuls et [les] proches ne voient pas toujours [leur] détresse ». François Purseigle, enseignant à Agro Toulouse, se félicite d’une soirée « où l’on se rend compte que ces jeunes sont très préoccupés évidemment, c’est leur avenir qui se joue en ce moment ».

Très écoutés, un peu bousculés aussi, ces représentants du monde de l’élevage, majoritaire en Occitanie. Camille, enseignante en zootechnie, confie ainsi : « On a été déçus des derniers mouvements et grèves, on est assez surpris de ne pas entendre parler d’agroécologie et que d’élevage bovin. » Victor, 20 ans, s’interroge : « Pourquoi on accepte que le président de la FNSEA [Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Arnaud Rousseau] soit également mandataire du groupe [agro-alimentaire] Avril ? »

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