Aide alimentaire : les associations appellent à la mobilisation collective

Lors de la collecte nationale des banques alimentaires, dans un supermarché à Lormont (Gironde), le 25 novembre 2022.

« La faim progresse en France. On a plus que jamais besoin d’être soutenus. Et on va se battre », promet le président des Restos du cœur, Patrice Douret. L’affiliation, qui guarantee plus d’un tiers de l’aide alimentaire au niveau nationwide, lance, mardi 21 novembre, sa 39e campagne annuelle, après avoir accueilli 1,3 million de personnes durant l’hiver 2022-2023. Un niveau et une hausse (de 17 % en un an) inédits depuis la création de l’affiliation par Coluche en 1985, qui, conjugués aux surcoûts causés par l’inflation, ont mis à mal l’équilibre budgétaire de l’affiliation, contrainte de lancer, le 3 septembre, un « appel à l’aide ». « A ce rythme-là, si on ne fait rien, même les Restos du cœur pourraient mettre la clé sous la porte d’ici trois ans », avait averti Patrice Douret sur le plateau du journal de TF1, début septembre. « C’est toujours le cas », explique-t-il aujourd’hui.

Certes, « notre appel à l’aide a été entendu », salue le responsable associatif. Entre la rallonge de l’Etat (de 10 tens of millions d’euros) et les dons d’entreprises et de particuliers (dont 10 tens of millions d’euros offerts par la famille de Bernard Arnault, propriétaire du groupe LVMH), les « Restos » ont presque réuni les 35 tens of millions d’euros dont ils avaient impérativement besoin. Mais, à la fois pour des raisons financières et « pour accueillir dignement, en prenant le temps d’écouter », ils n’ont d’autre choix, cet hiver, que de réduire les quantités d’aide alimentaire distribuées à chacun et le nombre complete des bénéficiaires.

Pour la première fois, le barème des ressources donnant droit à cette aide reste le même que celui de l’été, inférieur de 30 % à celui en vigueur l’hiver 2022-2023, ce qui concentre l’aide sur ceux qui ont le plus de difficultés. « Les premières tendances ne sont pas rassurantes, reconnaît Patrice Douret. Nous voyons arriver des personnes nouvelles qui sont au-dessous du plafond, et il nous faut refuser 5 % à 10 % de ceux qu’on aurait inscrits l’an dernier. » Comment réagissent ceux qui se voient répondre non ? « Il y a beaucoup de résignation. Les gens comprennent, et je les en remercie. Mais l’accueil reste inconditionnel : on dépanne, et on garde le lien, en proposant à tous de venir parler et de participer à nos activités, comme l’aide scolaire, l’accompagnement budgétaire ou la recherche d’emploi… »

« Atteindre les 24 tens of millions de repas »

L’incertitude prévaut. Quels seront les besoins réels ? L’affiliation, qui doit acheter un tiers des denrées qu’elle distribue – elle y a consacré 100 tens of millions d’euros en 2022 – parviendra-t-elle à tenir le rythme ? Quid des dons des particuliers, en ces temps d’inflation, d’autant plus que certains ont déjà donné aux « Restos » après l’appel à l’aide de septembre ? « L’essentiel de la collecte a lieu en novembre et décembre. Nous avons besoin qu’elle soit au moins aussi élevée que celle de l’hiver précédent », appelle Patrice Douret.

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