En Géorgie, des milliers de manifestants pro-UE protestent devant le Parlement pour la 11e nuit consécutive

Devant le bâtiment du Parlement à Tbilissi, en Géorgie, le dimanche 8 décembre 2024.

C’est devenu un rendez-vous quotidien. Des milliers de manifestants pro-Union européenne (UE) se sont de nouveau rassemblés, dimanche 8 décembre au soir, devant le Parlement en Géorgie, à Tbilissi, pour une onzième nuit de protestations contre le gouvernement, accusé de renoncer aux ambitions européennes du pays et de dérive autoritaire prorusse.

Comme les nuits précédentes, certains manifestants tapaient sur les barrières métalliques qui bloquent l’entrée du Parlement, tandis que d’autres brandissaient des drapeaux de l’UE et faisaient retentir des klaxons et des sifflets, ont constaté plusieurs journalistes de l’Agence France-Presse.

Les autorités municipales avaient commencé au cours de la journée à installer un grand sapin de Noël devant le Parlement, mais les manifestants ont accroché sur les échafaudages qui soutiennent la structure des photos de protestataires frappés selon eux par la police, le visage tuméfié par des ecchymoses. Certains manifestants ont dit craindre pour leur sécurité après les échauffourées avec la police et des attaques contre des journalistes et des partisans de l’opposition par des hommes masqués.

Une crise politique depuis fin octobre

Cette ex-république soviétique du Caucase est en crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais dénoncées comme truquées par l’opposition pro-occidentale.

La décision la semaine dernière du gouvernement de repousser jusqu’en 2028 « la question de l’adhésion à l’Union européenne » a mis le feu aux poudres, provoquant dix nuits de manifestations pro-européennes à Tbilissi et d’autres villes.

Ces rassemblements ont pour la plupart été dispersés par la police à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène, tandis que certains manifestants ont tiré des feux d’artifice et jeté des pierres sur les forces de l’ordre. Le gouvernement assure toujours vouloir intégrer l’UE à l’horizon 2030 et accuse l’opposition et les manifestants de viser une révolution et d’être financé depuis l’étranger.

« Discussion approfondie » avec Trump et Macron

Le pouvoir a musclé ces derniers jours sa rhétorique envers le mouvement, le premier ministre, Irakli Kobakhidze, promettant « d’anéantir » ses détracteurs, qu’il accuse de « libéralo-fascisme ». La police a perquisitionné plusieurs bureaux de partis d’opposition et arrêté au moins trois meneurs du mouvement, dont le chef du parti Akhali Nika Gvaramia, battu et condamné à douze jours de prison.

Samedi, M. Kobakhidze a annoncé son intention d’introduire une législation interdisant aux participants aux rassemblements de « dissimuler leur visage par quelque moyen que ce soit ». Cette mesure « est essentielle pour prévenir la violence », a-t-il justifié lors d’une conférence de presse, alors que de nombreux manifestants se masquent le visage pour se protéger du gaz lacrymogène utilisé par la police.

La présidente pro-occidentale, Salomé Zourabichvili, aux pouvoirs limités et en conflit avec le parti au pouvoir, a dit samedi avoir eu une « discussion approfondie » avec le président élu américain, Donald Trump, et le dirigeant français, Emmanuel Macron, à Paris. Selon elle, ils ont discuté de « l’élection volée et de la répression extrêmement alarmante contre le peuple géorgien ». « Le peuple géorgien a un ami en la personne de Donald Trump », a-t-elle assuré.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont dénoncé cette répression, et Washington a menacé d’adopter de nouvelles sanctions. Par ailleurs, Mme Zourabichvili a, elle, annoncé qu’elle ne quitterait pas son poste, comme cela était prévu fin décembre, tant que de nouvelles élections législatives n’auront pas été organisées en Géorgie, creusant la rupture avec le gouvernement.

Le Monde avec AFP

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