Canal+ quitte la TNT payante : derrière le coup d’éclat, l’aboutissement d’une stratégie de lengthy terme

Le 6 juin 2025, pour la première fois depuis la naissance de la chaîne en 1984, Canal+ n’apparaîtra plus derrière le bouton 4 de la télécommande. Le groupe Canal+ a annoncé, jeudi 5 décembre en début de soirée, « le retrait de ses chaînes payantes de la TNT [télévision numérique terrestre] » à partir de la mi-2025 ; outre Canal+, les chaînes Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète sont concernées.

Dans un communiqué au ton courroucé, les dirigeants du groupe déclarent tirer « les conséquences du retrait de C8, première chaîne de la TNT, par l’Arcom [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique] et d’un environnement fiscal et réglementaire de plus en plus contraignant en France ». L’activité de Canal+ serait pénalisée de trois manières : « Par une augmentation de sa taxe versée au CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée], par des menaces sur son taux de TVA pourtant directement lié à son statut de premier financeur du cinéma français, et enfin par la décision de retrait de C8 », détaille le texte.

Le premier point est balayé par Olivier Henrard, président par intérim du CNC. « Nous démentons cette affirmation selon laquelle il y aurait eu une augmentation de la pression fiscale sur Canal+ », proteste-t-il. S’il reconnaît l’existence d’un contentieux, le haut fonctionnaire assure que « les taux, progressifs, n’ont connu aucune évolution ».

Les « menaces » sur le taux de TVA évoquées par Canal+ font, elles, référence à la volonté de l’Etat de soustraire une partie de ses activités du taux de TVA à 10 %, qui s’applique normalement aux biens et services culturels, pour lui appliquer un taux de 20 %, plus approprié à son activité d’agrégateur de services audiovisuels. C’est sur la base de ce constat que les autorités fiscales françaises réclament 655,6 millions d’euros à Canal+, a-t-on appris récemment – un redressement que le groupe conteste.

Enfin, la décision de l’Arcom de ne pas présélectionner C8 à une nouvelle autorisation de diffusion sur la TNT « vient profondément déséquilibrer l’activité des chaînes payantes [du groupe] sur la TNT », prétend Canal+ : une affirmation qu’un acteur du secteur, pour qui « il n’y a aucun rapport » entre ces deux éléments », qualifie de « plaisanterie ». C8 est une chaîne structurellement déficitaire, avait d’ailleurs rappelé l’Arcom cet été.

En réalité, aussi spectaculaire soit-elle, cette annonce constitue l’aboutissement d’une stratégie de désengagement de la TNT menée par Maxime Saada depuis son accession à la direction générale de la chaîne, en 2015.

Il vous reste 59.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.